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L’EMPIRE DES TSARS
ET LES RUSSES

III.
LES FINANCES.

II.
LES DÉPENSES, LA DETTE ET LE PAPIER-MONNAIE[1].

L’étude du régime fiscal de la Russie nous a montré ses recettes grossissant rapidement depuis la guerre de Crimée, depuis 1870 surtout, jusqu’à égaler le revenu des plus riches et des plus florissans états des deux mondes. C’est peu pour un pays de voir ses recettes grandir d’année en année, si elles n’atteignent point le niveau toujours montant des dépenses. Or dans cette période, où il a dû liquider le double héritage de la guerre de Crimée et du servage, le gouvernement russe a su élever ses ressources à la hauteur de ses besoins ou abaisser ses dépenses au niveau de ses moyens. Ce n’était pas là une chose aisée pour un grand empire, ayant à la fois toutes les charges militaires des vieux pays de l’Occident et tous les besoins des jeunes nations d’Amérique. Les budgets russes sont depuis plusieurs années en équilibre, chaque exercice laisse des excédans de recette, et l’on peut dire qu’équilibre et excédant étaient entrés dans les habitudes de l’administration impériale. C’est là une chose digne d’admiration, dans un état où le gouvernement est exposé à toutes les tentations, à tous les entraînemens

  1. Voyez la Revue du 1er avril, du 15 mai, du 1er août, du 15 novembre et du 15 décembre 1876.