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LA DEFENSE
DES
FRONTIÈRES MARITIMES

La frontière maritime de la France, depuis Dunkerque, sur la mer du Nord, jusqu’à Bayonne, sur l’Atlantique, et depuis Port-Vendre jusqu’à Villefranche, sur la Méditerranée, en y comprenant la Corse, présente une étendue de côtes d’environ 2,500 kilomètres. Sur ces côtes, on voit s’élever des arsenaux maritimes, dépôt et foyer de production de la force navale, tandis que de riches et populeuses cités ouvrent leurs ports au commerce du monde : ainsi Le Havre, Nantes, Bordeaux, Marseille, d’autres encore d’une importance moindre aujourd’hui, mais dont l’origine remonte aux premiers temps de notre histoire nationale, et qui à une autre époque ont fourni aux grandes découvertes du XVe siècle leur contingent de noms légendaires. Combien n’en pourrait-on pas encore citer, villes ou villages, tous voués aux industries de la mer et vivant de ces industries, habités par une population de physionomie, de mœurs et de langage différens, mais partout laborieuse, énergique et vaillante ! C’est dans cette population que se recrutent les équipages de la flotte de guerre et de commerce. Tour à tour matelots militaires, matelots du commerce ou pêcheurs, ces hommes, ces serviteurs du pays, aussi modestes que dévoués, fournissent à la flotte un personnel exercé où se trouvent réunies les diverses spécialités qui constituent l’équipage du navire de guerre, gabiers, timoniers, canonniers, fusiliers. Ce personnel, toujours prêt, toujours sous la main, il suffit de quelques jours pour le faire affluer dans nos ports et sur nos vaisseaux. On parle beaucoup de mobilisation aujourd’hui ; dans toutes les armées de l’Europe, c’est la