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beurre et les fromages, le vin et la bière, l’alcool et le vinaigre, le café, le thé et le chocolat, voilà les sujets qui en ont fourni la matière. On y trouve racontée, depuis les origines, l’histoire de la boulangerie, celle de l’art du brasseur, des pratiques de la vinification, etc., puis un exposé simple et clair des procédés à l’aide desquels les fruits de la terre sont transformés en produits alimentaires ou liqueurs fermentées. M. Figuier sait rendre tous ces détails techniques attrayans en nous initiant aux péripéties des découvertes qui s’y rapportent, aux luttes soutenues par les inventeurs, à leurs souffrances et à leurs triomphes. C’est ainsi qu’à propos de la distillation il raconte par le menu, et à l’aide de documens peu connus, les procès d’Edouard Adam et d’Isaac Bérard, qui se terminèrent par une association des héritiers. Dans les chapitres consacrés au vin et à la bière, l’auteur n’a pas oublié d’exposer les admirables découvertes de M. Pasteur, qui très probablement exerceront une grande influence sur l’avenir de deux industries aussi anciennes que la civilisation.


Michel Strogoff, par H. Jules Verne, — Le Petit Roi, par Mme Blandy, — La Morale en action dans l’histoire, par M. Muller. In-8° ; Hetzel. La Bannière bleue, par M. Cahun, — Légendes et récits, par Mme de Witt. In-8° ; Hachette.


Une réunion d’auteurs de talent s’est dévouée à l’instruction de la jeunesse, et elle cherche à atteindre ce but en l’amusant. M. Verne doit être cité en première ligne parmi tous ceux qui sont entrés dans cette voie. Cette année, abandonnant les théories scientifiques, il se contente de nous donner un roman d’aventures où la géographie tient une grande place. Michel Strogoff, le courrier de l’empereur, est un héros qui sait braver tous les périls et qui sort heureusement de toutes les épreuves pour que la vertu soit récompensée et le vice puni à la dernière page ; mais le ciel ne lui épargne aucune infortune, et il lui faut une âme bien trempée pour braver le passage des monts Ourals, l’invasion des Tatars, conduits par un certain Ivan Organef qui n’est autre qu’un ancien colonel de l’armée russe et le traître du drame. L’auteur, pour prouver que son roman doit être un livre instructif, y a joint des cartes qui permettent de suivre l’odyssée de Michel Strogoff. Malgré le trop grand nombre de péripéties dramatiques, le récit de M. Verne est fort intéressant, et ses jeunes lecteurs n’en passeront certainement pas une ligne ; si ce n’est pour savoir de quelle manière une existence aussi aventureuse peut bien se terminer.

M. Verne n’est pas un écrivain qui pense comme Mme Blandy que la civilisation puisse un jour amener la paix universelle et qui déteste les bons coups bien donnés par ses héros ; il se contente de punir le traître à la fin de son récit et ne déplore pas que les enfans rêvent de se faire soldats. Mme Blandy, dans son livre du Petit Roi, plein d’intérêt d’ailleurs, préfère les œuvres de la paix et conseille à ses lecteurs de