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familiarise avec les merveilles entassées dans cet établissement, qui est devenu l’un des rendez-vous favoris des promeneurs parisiens. En racontant les mœurs des animaux, l’auteur a pu donner une large place à la partie anecdotique, et son livre abonde en histoires gaies ou touchantes, bien faites pour inspirer aux enfans l’amour des bêtes, qui sont décidément pour le moins aussi intéressantes en leur existence réelle qu’elles le sont dans les fables où nous les couvrons d’oripeaux humains. Les traits d’héroïsme que M. Grimard raconte des cigognes qui se précipitent dans le brasier où brûlent leurs nids, ne valent-ils pas, pour ne citer qu’un exemple, la malice dont dame Cigogne fait preuve lorsqu’elle invite à dîner maître Renard ?

Ne quittons pas le terrain de l’histoire naturelle sans signaler un ouvrage écrit, à la vérité, pour des lecteurs plus savans, mais dont la place est marquée ici en raison du nombre et de la beauté des gravures et des planches coloriées qui en font partie : je veux parler de la monographie que M. V. Depuiset a consacrée aux Papillons. L’ouvrage de M. Depuiset[1] renferme l’iconographie et l’histoire naturelle des papillons d’Europe et de leurs chenilles, précédée d’une étude sur l’organisation, les métamorphoses, les mœurs et instincts des lépidoptères, où les amateurs trouveront aussi des instructions très complètes sur la chasse, la préparation et la conservation des papillons ainsi que des chenilles. Pour ces dernières, M. Depuiset préfère l’insufflation à la conservation dans l’alcool : on les vide entièrement par une douce pression et on les souffle à l’aide d’un petit tube de paille au-dessus d’un réchaud qui fait sécher rapidement la dépouille gonflée. Quant aux papillons, non-seulement il est facile de les conserver lorsqu’on les a fait sécher sur un étaloir, mais on peut les imprimer par un procédé très simple. On prend du beau papier à dessin, sur lequel on étend de l’eau gommée avec une faible dissolution de sel ; puis, après avoir détaché les ailes d’un papillon bien sec, on les applique sur le papier humide, à leur distance ordinaire, on met par-dessus quelques feuilles de papier, et l’on passe le tout sous un rouleau de bois ou sous une presse à cylindrer. Au sortir de la presse, on enlève les quatre ailes, qui laissent leurs écailles sur le papier, et, pour achever l’image, on n’a plus qu’à peindre le corps, les antennes et les pattes. Rempli d’indications précieuses, puisées dans une longue expérience de naturaliste, le livre de M. Depuiset sera reçu avec faveur par tous les collectionneurs.

M. Louis Figuier a terminé ses Merveilles de l’industrie par un beau volume, consacré tout entier aux industries qui concourent à l’alimentation de l’homme. Le pain et les farines, les diverses pâtes, le lait, le

  1. Musée entomologique illustré. — Les Papillons, par A. Depuiset, avec 50 planches en couleur et 260 vignettes ; in-4o. Paris, Rothschild.