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générale dont M. Herbert Spencer vient d’esquisser les traits généraux, et à l’agriculture qui tend de plus en plus à devenir une science rationnelle basée sur la connaissance des principes nutritifs que les végétaux empruntent au sol et à l’atmosphère.

M. Ch. Darwin, dont les travaux ont éclairé toutes les branches des sciences naturelles, ne pouvait rester indifférent à la physiologie végétale, qui jette un jour si nouveau sur les relations qui tendent à assigner une origine commune aux deux règnes organisés de la nature, les végétaux et les animaux. Déjà dans son livre sur la Fécondation des Orchidées il avait dévoilé le rôle considérable que les insectes jouent dans la fécondation de ces belles fleurs qui sans leur intervention resteraient à jamais stériles. Depuis il a fait de longues et minutieuses expériences sur les plantes insectivores dont il a été rendu compte ici même[1]. Le volume sur les mouvemens et les habitudes des plantes grimpantes, traduit sur la seconde édition et publié récemment, n’est pas moins intéressant, car il nous montre que les végétaux comme les animaux exécutent des mouvemens variés dont le résultat contribue à l’accomplissement régulier de leurs fonctions de nutrition ou de reproduction. Une courte analyse suffira pour le prouver. M. Darwin a eu quelques prédécesseurs dans ce genre de recherches : Dutrochet, Hugo Mohl, Palm, Léon et H. de Vries ; il a mis leurs travaux à profit, les a contrôlés et complétés par ses expériences et ses observations personnelles. Son livre est donc un résumé de nos connaissances sur ce sujet.

L’auteur divise les plantes grimpantes en quatre classes : 1o les plantes volubiles, ce sont celles qui s’enroulent autour d’un tuteur ; 2o les végétaux qui grimpent à l’aide de leurs feuilles ; 3o ceux qui sont pourvus de vrilles préhensiles ; 4o ceux enfin qui sont munis de crampons.

Les plantes volubiles telles que le houblon, le haricot, les liserons, incapables de se soutenir elles-mêmes, contournent en hélice un corps cylindrique quelconque et s’élèvent ainsi au-dessus du sol. Presque toutes se contournent toujours dans le même sens, à savoir de gauche à droite ou de droite à gauche. Pour apprécier le sens de la rotation, le procédé le plus simple consiste à se placer en faisant face au nord devant une plante qui s’enroule autour d’un tuteur vertical. Considérons une portion visible de tige enroulée, c’est à dire comprise entre le tuteur et l’observateur ; si cette portion de tige monte de sa droite à sa gauche, la tige est dite se mouvoir comme le soleil du levant au couchant. Si au contraire elle monte de gauche à droite, elle se meut en sens inverse du soleil, à savoir du couchant au levant. Ainsi le houblon, le Tamus communis, le Lapageria rosea, se meuvent comme le soleil ; mais la plupart des plantes volubiles, la glycine, le haricot, les Ipomæa, le liseron des haies, les aristoloches, etc., etc., se meuvent

  1. Voyez, dans la Revue du 1er février, l’étude de M. Planchon sur les Plantes insectivores.