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LE
DUC DE BOUILLON
D'APRES DES DOCUMENS INEDITS.

I.
SA JEUNESSE, — SES RAPPORTS AVEC HENRI IV.

Nous avons essayé récemment de remettre en lumière la figure de Louise de Coligny, à propos de quelques lettres, encore inédites, que possèdent nos archives nationales. Ces lettres étaient adressées à Henri de La Tour, vicomte de Turenne, qui devint duc de Bouillon. Notre curiosité s’est ainsi attachée à ce personnage, et nous avons été assez heureux pour recevoir communication dans nos archives de lettres assez nombreuses, adressées au duc de Bouillon ou écrites par lui.

L’histoire a été sévère, trop sévère peut-être pour Bouillon ; ne doit-elle pas pardonner beaucoup à celui qui fut le père du grand Turenne ? Si les péchés des pères sont punis sur les enfans jusqu’à la septième génération, un rayon de la gloire des enfans ne doit-il pas remonter jusqu’à la mémoire des pères ? Sans traiter la filiation des grands hommes suivant la méthode darwinienne, on ne peut pas ne point apercevoir les traits, les chaînes matérielles en même temps qu’idéales, qui relient fortement les représentans d’une même race. Le duc de Bouillon, qui va nous occuper, se dédoubla, pour ainsi dire, dans ses fils, laissant surtout à l’aîné son goût de l’intrigue, ses penchans de rebelle, au second ses grandes qualités