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persistant n’a été fait pour porter remède à cette situation déplorable, Ce n’est pas cependant que le corps médical, pris dans son ensemble et malgré les opinions paradoxales émises par quelques-uns de ses membres, ait changé d’avis sur la question. Tout récemment M. le docteur Besnier publiait, au nom de la Société médicale des hôpitaux de Paris, une brochure très intéressante, où il démontre par des faits péremptoires l’utilité des salles d’isolement et les dangers de la promiscuité des maladies contagieuses, C’est ainsi qu’à l’hôpital des Enfans-Malades une épidémie de petite-vérole est née, il y a quelques années, par le seul fait de l’introduction d’un varioleux dans une salle commune. Aussi les médecins des Enfans-Malades et de Sainte-Eugénie sont-ils très préoccupés de. la responsabilité qui leur incombe vis à vis des parens dont ils ont admis les enfans dans leurs services. « Tenez, me disait l’un d’eux en me montrant deux lits voisins et séparés par un espace de quelques pieds, voici deux enfans, l’un qui est en pleine convalescence d’une forte rougeole, l’autre, qui est entré hier, et qui présente des symptômes de diphthérie. Rien ne me répond que demain, à ma visite, je ne trouverai pas la diphthérie envahissant le tempérament déjà affaibli de celui-ci, ou la rougeole venant compliquer le cas très grave de celui-là. » Aussi les médecins s’efforcent-ils, autant qu’il est en eux, de remédier aux inconvéniens de l’organisation actuelle en créant dans l’intérieur de leur service et dans la mesure des ressources qui sont à leur disposition, des petites salles d’isolement, celui-ci pour la scarlatine, celui-là pour la variole, celui-là pour la diphthérie. Mais ces installations éphémères, insuffisantes, ne sont pas un obstacle sérieux à la contagion, et tant que l’administration de l’Assistance, publique n’aura pas tranché la question par un règlement établi sur des bases scientifiques et rationnelles, on verra se prolonger un état de choses que la science condamne, et que l’humanité réprouve.

Est-il juste cependant de faire retomber sur l’administration toute la responsabilité de cet état de choses ? Au premier abord, on pourrait croire que rien n’est plus facile que de résoudre la question en fait. Il existe trois services de médecine à Sainte-Eugénie, quatre services de médecine aux Enfans-Malades. Chacun de ces services compte deux ou trois salles. Il semble qu’il serait aisé d’affecter exclusivement chacun de ces services au soin d’une maladie contagieuse, de deux, s’il était nécessaire, dans des salles séparées, et de réserver dans chaque hôpital un ou deux services communs pour les maladies non contagieuses, qui sont chez les enfans les moins nombreuses. On croirait qu’il n’y a qu’à vouloir ; mais, si l’administration adoptait un règlement de cette nature, il serait à craindre qu’elle