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supérieur à la sœur en connaissances théoriques, inférieur parfois en adresse pratique. Si l’enfant est atteint d’une de ces affections dont la guérison exige des soins prolongés, la consultation se termine non par la rédaction d’une simple ordonnance, mais par celle d’un véritable bulletin qui porte des indications multiples. Les unes, relatives à la maladie même de l’enfant, à sa santé antérieure, à celle de ses parens, sont remplies avec beaucoup d’exactitude par un des élèves, d’après les réponses de la personne qui a amené l’enfant ; les autres, relatives au domicile, à la profession, à la situation de fortune de ses parens, seront remplies plus tard par les employés de l’Assistance publique. Le médecin signe le bulletin et y ajoute un avis tendant à l’admission au traitement externe ou au traitement interne. À ces deux modes de traitement correspondent deux modes différens d’assistance dont il est nécessaire de dire séparément un mot.

Certains économistes, j’entends surtout parler de ceux qui aiment à trancher les questions en théorie sans s’inquiéter des faits, se sont de longue date prononcés contre les hôpitaux et les hospices. « Ces institutions, disent-ils, détruisent l’esprit de famille ; elles habituent le pauvre à l’imprévoyance ; elles font peser une lourde charge sur la fortune publique, » et ils concluent bravement à leur suppression. Je ne crois pas que des théories aussi excessives aient jamais fait grande impression sur les membres du corps médical, qui ont d’ailleurs un intérêt professionnel au maintien des hôpitaux ; mais il est certain cependant qu’il règne chez quelques-uns d’entre eux une tendance à augmenter le nombre des admissions au traitement externe, c’est-à-dire qui a lieu en dehors de l’hôpital, et à diminuer le nombre des admissions au traitement interne. « L’hôpital, disent-ils, est un lieu dangereux et malsain ; le domicile paternel vaut toujours mieux ; les soins de la religieuse la plus dévouée ne remplaceront jamais ceux d’une mère. D’ailleurs la journée d’un enfant à l’hôpital coûte à l’administration publique 2 francs par jour, tandis que la journée d’assistance à domicile ne lui coûte que 1 fr. » Et ils en concluent qu’il faut autant que possible diminuer le nombre des admissions à l’intérieur de l’hôpital et conserver au traitement externe un grand nombre de maladies qu’on admet aujourd’hui au traitement interne. » Tout cela est à merveille en théorie ; mais il y a des circonstances dont ces partisans à outrance du traitement externe ne tiennent pas compte. Tout d’abord, si l’hôpital est un lieu malsain, dans beaucoup de cas le domicile paternel ne vaut guère mieux. Il suffit de savoir dans quelle déplorable promiscuité vivent trop souvent les ménages pauvres à Paris, enfans et parens couchant parfois dans le même lit, et presque toujours tous les