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chez nos écrivains du XVIe siècle par exemple[1]. Mais ce qui nous semble furieusement hardi, c’est de décider ce que Mme de Sévigné s’est permis ou s’est interdit. À ce compte, on aurait tôt fait d’enchérir sur le chevalier de Perrin.

Toutes ces observations n’empêcheront pas d’ailleurs qu’on ne doive à M. Capmas des félicitations pour sa trouvaille et des remercîmens pour cette besogne ingrate de lecture et de comparaisons de textes et de manuscrits à laquelle il s’est courageusement assujetti. Mais la trouvaille ne vaudra tout son prix que quand les circonstances permettront de fondre ces fragmens nouveaux dans une édition complète de Mme de Sévigné. M. Capmas avoue modestement qu’il a reculé devant la tâche, ou du moins qu’il la renvoie à une lointaine époque. Peut-être aussi cette timidité n’est-elle qu’une ambition plus grande, et, mis en goût par un premier succès, se flatte-t-il de faire encore quelque découverte nouvelle. Il est là, dans la capitale de cette Bourgogne qui fut la patrie des Rabutin. Souhaitons-lui de réussir, car, s’il est de par le monde quelques esprits chagrins qui pensent qu’on a publié déjà trop de lettres de Mme de Sévigné, nous ne lui apprendrons pas que c’est le bien petit nombre. Il ne nous a jamais été plus nécessaire qu’aujourd’hui de nous remettre k l’école de nos pères et de nous souvenir que la première vertu des peuples est le respect, l’amour, l’orgueil de leurs traditions nationales.


FERDINAND BRUNETIERE.

  1. La voici deux fois dans une seule page d’Amyot. « Et ce pendant qu’elle dînait, il arriva un paysan des champs qui apportait un panier; les gardes lui demandèrent incontinent que c’était qu’il portait léans, » Et huit lignes plus bas : « Incontinent que César eut ouvert ces tablettes, il entendit soudain que c’était à dire. » Et comme en vérifiant on trouve toujours quelque chose, on lit à la ligne suivante : « Il envoya premièrement en diligence voir que c’était. » Amyot, Vie d’Antoine. Naturellement nous empruntons les citations à une édition du temps (1583), «revue et corrigée en infinis passages. »