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LES SOUVENIRS
DU
CONSEILLER DE LA REINE VICTORIA

VI.[1]
LA LUNE DE MIEL DE WINDSOR. — LE FOYER DE FAMILLE ET LES AFFAIRES D’ÉTAT.


I.

On peut expliquer d’un mot cet épanouissement de tendresse et de joie qui salua dans toute l’Angleterre la journée du 9 février 1840. « Il y a là bien autre chose que la froide raison d’état, » avait dit lord Melbourne avec sa discrétion souriante ; pour traduire les sentimens intimes de la nation entière, il faudrait compléter ces paroles et ajouter plus hardiment : « Le mariage de la reine, c’est le roman de la reine. »

Rappelez-vous ces récits romanesques où une austère pensée chrétienne s’associe aux loyales ardeurs de la passion ; la littérature anglaise, depuis un demi-siècle, est riche de ces inspirations, et le public ne cesse de leur faire bon accueil. Rappelez-vous les plus touchantes pages de Dickens ou de Thackeray, de mistress Gaskell ou de miss Brontë. Un clavier sonore y exprime les sentimens les plus humains à toutes les heures décisives de la vie de famille. Sur les extases du fiancé et de la fiancée, sur les délicatesses de l’époux

  1. Voyez la Revue du 1er  janvier, du 1er  février, du 1er  mars, du 1er  mai et du 15 août.