Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dernières de la folie, l’esprit tout entier subit une désorganisation croissante; les facultés intellectuelles sont visiblement atteintes, comme les facultés instinctives. L’altération de l’activité fonctionnelle du cerveau augmente et devient à peu près incurable; des lésions se produisent dans le tissu de l’encéphale et donnent lieu sympathiquement à de graves désordres d’autres fonctions et d’autres organes; par une marche plus ou moins rapide, la maladie s’achemine vers le fatal dénoûment.


IV.

Nous avons essayé de déterminer, d’après les récens travaux de MM. Despine et Maudsley, quelle est l’essence de la folie, quelles en sont les conditions psychologiques. On a vu que, s’il n’est pas exact de soutenir, avec M. Despine, qu’elle est constituée uniquement par une passion pervertie et devenue toute-puissante dans l’âme, les facultés intellectuelles restant intactes, c’est cependant l’élément instinctif, passionné, qui joue le rôle le plus considérable et le plus apparent. Nous pouvons en conclure que la folie, quand elle n’est pas le résultat d’une prédisposition organique héréditaire ou d’un accident purement physiologique, comme par exemple l’arrêt brusque de la sécrétion du lait pendant l’allaitement, est presque toujours due à une exaltation, à une surexcitation maladive de la partie passionnée de nous-mêmes.

En effet, après l’influence héréditaire, qu’il regarde comme la cause la plus puissante et la plus ordinaire de la folie, M. Maudsley n’hésite pas à placer au second rang. L’intempérance et la débauche. Or ce sont là les deux formes les plus grossières et les plus honteuses de la passion qui nous porte vers les satisfactions des sens. Un fait cité par M. Maudsley établit dans quelle redoutable proportion l’intempérance contribue à produire et à développer la folie. « Voici, dit-il, ce qui s’est passé à l’asile du comté de Clamorgan : durant le second semestre de l’année 1871, les admissions n’ont pas dépassé, pour les hommes, le chiffre de 24, tandis qu’elles avaient été au nombre de 47 dans le semestre précédent, et qu’elles s’élevèrent à 73 dans le suivant. Dans le premier trimestre de l’année 1873, il y en eut 10; le trimestre précédent en avait vu 21, on en compta 18 dans le suivant. On n’observa point dans le nombre des femmes admises de différences correspondantes... Or voici où réside l’intérêt et l’enseignement de ces observations : les deux périodes exceptionnelles correspondaient exactement aux deux dernières grèves dans l’industrie du fer et dans l’industrie du charbon, qui sont de véritable importance au comté de Clamorgan. La diminution