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LA QUESTION DU CHAUFFAGE DES WAGONS.
Le Chauffage des voitures de toutes classes sur les chemins de fer, par M. L. Regray, avec atlas de 31 planches, Paris 1876; Dupont.


Dans le nord de la France, l’hiver est souvent assez rigoureux pour que les voyageurs qui sont obligés de faire un long trajet en chemin de fer, dans des voitures non chauffées, soient exposés à de véritables souffrances. Les compartimens de première classe, et ceux des autres classes qui sont réservés aux dames seules, ont leurs bouillottes à eau chaude ; mais c’est le chauffage de toutes les voitures de seconde et de troisième qui est réclamé à bon droit par le public, et depuis longtemps ce problème préoccupe les conseils d’administration de nos chemins de fer. En 1873, le syndicat des six grandes compagnies françaises accueillit la proposition de la Compagnie de l’Est, qui se déclarait prête à entreprendre l’étude de la question.

Les renseignemens que l’on possédait sur l’efficacité des divers systèmes essayés sur les chemins de fer de l’Europe étaient assez vagues et souvent contradictoires. Les voyageurs que l’on questionnait émettaient les avis les plus opposés sur les modes de chauffage dont ils avaient fait l’expérience à l’étranger. On résolut de procéder à une enquête aussi complète que possible, en même temps qu’à des études pratiques qui permettraient de prendre un parti et de choisir définitivement un système de chauffage propre à contenter le public français. Commencées en 1873, ces recherches et ces expériences sont enfin terminées, et le directeur de la compagnie de l’Est a pu mettre sous les yeux du conseil d’administration un volumineux rapport où la question du chauffage des voitures sur les chemins de fer est discutée à fond. Ce rapport, dû à M. L. Regray, vient d’être publié aux frais de la Compagnie; c’est un document instructif à tous les points de vue.

Ce que l’on constate tout d’abord en parcourant ce volume, c’est que les solutions adoptées ou mises à l’essai par des administrations qui exploitent ensemble plus de 100,000 kilomètres de voies ferrées se réduisent en somme à un nombre fort limité de systèmes. Toutes ces compagnies, malgré la diversité des conditions où elles se trouvent placées, se sont en définitive arrêtées à des modes de chauffage qui se rattachent aux cinq types suivans : 1° poêles, 2° calorifères à air chaud, 3° chauffage à la vapeur, 4° chauffage au moyen de briquettes ou combustibles agglomérés, 5° chauffage par l’eau chaude circulant dans des appareils fixes (thermo-siphons) ou apportée dans des bouillottes.

C’est en Allemagne et en Autriche que la solution du problème a été poursuivie avec le plus d’ardeur; l’Allemagne du Nord notamment a poussé ces recherches fort loin. On a tour à tour, dans ces pays, essayé