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En somme, pour nous faire une idée de la richesse relative de la France et de la Grande-Bretagne, nous sommes réduits à comparer entre elles les surfaces houillères des deux pays, qui paraissent être dans le rapport de 1 à 5. En 1858, M. Amédée Burat évaluait la surface houillère de la France à 3,500 kilomètres carrés ; quant aux concessions, elles représentent dès à présent une surface d’environ 550,000 hectares (5,500 kilomètres) ; mais l’on sait que les concessions comprennent toujours beaucoup de terrains stériles. M. Gatschet a donné en 1875 les chiffres suivans pour la surface houillère des divers pays d’Europe :


Angleterre 23,000 kilom. carrés
Russie 20,000 —
Allemagne 9,000 —
France 4,600 —
Belgique 2,300 —

Nul doute que l’étendue des champs de houille exploitables en France ne dépasse de beaucoup ces estimations, car souvent les couches plongent sous des terrains plus récens, où l’on n’a pas encore songé à les suivre. Des sondages seraient probablement fructueux sur beaucoup de points, comme ils l’ont été en 1841 dans le Pas-de-Calais et en 1817 dans le département de la Moselle : on sait qu’on a retrouvé ainsi, à une faible profondeur au-dessous du grès des Vosges, le bassin de la Sarre, perdu par le traité de 1816. Beaucoup de géologues admettent aujourd’hui que nos bassins houillers, bien que disséminés sur le sol et en apparence isolés, ne sont que des lambeaux d’une vaste formation démantelée, disloquée par des révolutions géologiques, et en partie détruits par des érosions séculaires ; il s’ensuit qu’il doit exister des liaisons entre les bassins connus, et que des recherches bien dirigées permettront d’en étendre beaucoup les limites[1]. M. Fournet, notamment, partant de ces idées, rattachait le terrain houiller du Nord aux vastes formations de l’Angleterre, et croyait à la possibilité de l’élargir en se rapprochant de la mer. Selon ce géologue, les recherches de la houille dans le grand intervalle qui sépare les mines du Nord de celles de la Manche et du Calvados, par exemple, seraient pleinement justifiées, et ces vues sont confirmées par les conclusions de MM. Godwin Austen, Prestwich, Mathias Dunn. M. Fournet considérait aussi comme réunis entre eux les dépôts houillers de l’est et du centre, et il conseillait des sondages en Champagne ou dans les plaines de Dijon ; de même, suivant lui, le fond de la vallée de la Loire, qui montre la houille à Decize, peut encore en contenir jusqu’à la hauteur de

  1. Voyez le Tableau général des mines métalliques et des combustibles minéraux de la France, par M. Alfred Caillaux. Paris 1875.