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a cru devoir protester hautement contre le passage du rapport relatif à l’existence de la houille sous le terrain crétacé.

Pour déterminer la durée probable du stock de houille que le royaume-uni renferme encore dans ses flancs, il faut nécessairement recourir à des hypothèses plus ou moins plausibles sur la marche que suivra l’accroissement de la production. Or cette production, qui, de 1855 à 1858, s’était maintenue à environ 65 millions de tonnes, atteignait, en 1873,127 millions. D’un autre côté, le sous-comité chargé de s’enquérir des conditions de la consommation déclare qu’à son avis, dans certaines branches de l’industrie, on a presque atteint le maximum d’économie possible, et que dans d’autres cas on s’efforce depuis longtemps d’arriver au même but ; il est donc à présumer que les progrès qui pourront encore être réalisés dans ce sens n’auront pas pour effet de diminuer d’une manière bien sensible la consommation générale.

D’ailleurs, selon M. Stanley Jevons, toute économie obtenue dans la consommation des machines à vapeur a toujours eu pour conséquence un accroissement au lieu d’une diminution de la quantité de charbon employée à la production de la force, chaque progrès de ce genre ayant invariablement étendu la sphère des applications de la vapeur. Il en résulte que l’introduction des procédés économiques ne limitera point la consommation, et que celle-ci marchera toujours de front avec le développement de l’industrie et le progrès de la population. De même, la consommation du charbon pour les usages domestiques est évidemment destinée à s’accroître en même temps que l’aisance générale. L’exportation seule ne semble pas devoir augmenter ; il est au contraire probable qu’elle se trouvera bientôt restreinte par l’entrée en scène des immenses gisemens houillers de l’Amérique et de l’Asie.

M. Jevons avait évalué à 3 1/2 pour 100 le taux annuel d’accroissement de l’extraction et de la consommation en Angleterre, et d’après les résultats des dernières années ce taux pourrait même être porté à 5 ou 6 pour 100 ; en supposant que cette proportion doive se continuer, on arriverait à des résultats invraisemblables. Il est évidemment plus rationnel d’admettre avec M. Price Williams que le taux d’accroissement de la production houillère ne tardera pas à s’abaisser, comme on l’a constaté déjà pour le taux d’accroissement décennal de la population, qui depuis soixante ans est tombé de 16 à 11 pour 100. La fièvre de production qui a suivi l’introduction de la vapeur et qui a aussi stimulé le progrès de la population a été une sorte de crise qui touche à son terme. En traçant les courbes qui, selon lui, représentent le développement probable de la population de la Grande-Bretagne et de sa consommation houillère pendant les trois premiers siècles à venir, M. William Price