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revient d’une tonne de houille était, en Angleterre, de 7 fr. 30 cent., tandis qu’en France il s’élevait à 9 francs 37 cent., chiffre que le prix de revient n’a atteint chez nos voisins qu’en 1872, quand les salaires avaient monté de près de 2 francs par tonne. Dans ces prix, la main-d’œuvre figure à peu près pour moitié ; elle varie de 3 fr. à 6 francs, selon les bassins ; mais elle est toujours plus chère dans les petites exploitations que dans les grandes.

Si le prix de revient de la tonne de houille est plus élevé en France qu’en Angleterre, nos charbons sont malheureusement inférieurs en qualité aux charbons anglais ; c’est ce qui résulte d’un grand nombre d’analyses chimiques et d’expériences comparatives sur le pouvoir de vaporisation des combustibles de provenances diverses, que M. de Ruolz a recueillies avec soin. On peut en conclure qu’en moyenne 100 kilogrammes de houille anglaise équivalent, pour l’effet utile, à 120 kilogrammes de charbons français. Enfin la friabilité de la plupart de nos houilles constitue une autre cause d’infériorité commerciale. Outre la proportion énorme des menus et poussiers produits dans l’abatage et dans les manutentions postérieures (proportion qui s’élève souvent à 40 pour 100), la quantité déjà relativement faible de gros et moyens obtenus sur le carreau subit encore un déchet considérable pendant le transport, surtout par les chemins de fer, et pendant les opérations de transbordement. Aussi ne connaît-on pas chez nous le gaspillage qui caractérise la plupart des exploitations anglaises. Dans beaucoup de districts houillers du royaume-uni, la quantité de charbon abandonnée au fond des mines représente une perte de 40 pour 100. Presque partout on brûlait au bord des puits des montagnes de menus charbons, que l’on commence seulement à utiliser pour la fabrication des agglomérés. En 1861, le charbon ainsi brûlé aux seuls puits d’Ecton et de Blackboy représentait un total de 160,000 tonnes. On estime qu’en 1865 cette perte s’est élevée à 20 millions de tonnes pour l’ensemble du royaume-uni 1 Depuis les crises que le commerce de la houille a traversées dans ces dernières années, les charbonniers anglais sont devenus moins prodigues de leurs menus. En France, dès longtemps la friabilité du charbon avait fait de l’économie une loi ; on avait songé de bonne heure à tirer parti des menus par le triage, le lavage et l’agglomération. Très certainement la fabrication des agglomérés changera un jour les conditions de notre industrie houillère.

Comme le travail du mineur anglais est moins difficile que celui du mineur français, il n’est pas étonnant qu’il gagne beaucoup plus dans sa journée. Le salaire moyen était, en 1865, de 5 fr. 90 cent. pour l’Anglais et de 2 francs 87 cent, pour le Français ; le minimum était de 8 francs pour le premier, de 1 franc 50 pour le second, et