Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/505

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

durent ces recherches ou ces négociations se prolonge, ces enfans ne sauraient rester au dépôt de la Préfecture. Ils sont envoyés à l’hospice des Enfans-Assistés, à l’état de dépôt provisoire, et ne sont régulièrement immatriculés que si leurs parens n’ont pu être découverts ou s’ils ont refusé de les reprendre, Nous les retrouverons lorsque nous nous occuperons du vagabondage et de la mendicité des enfans à Paris.

Enfin la population journalière de l’hospice se compose d’un certain nombre d’enfans, ceux-là définitivement immatriculés au nombre des enfans assistés, et qui, traversant de nouveau, pour une raison ou pour une autre, l’hospice où ils ont été autrefois déposés, y font un séjour plus ou moins long. Il y a d’abord les enfans en bas âge, qui sont rapportés ou apportés pour la première fois à l’hospice à ce moment toujours périlleux où l’on change le procédé de leur nutrition, et qui séjournent quelques jours en commun dans un quartier assez mal disposé, dit quartier des sevrés. « C’est ici le quartier des larmes, » me disait la supérieure. Assis en effet dans des petites chaises, où ils sont retenus par un barreau de bois, ces enfans pleurent presque toute la journée, les uns bruyamment, les autres en silence, et ne prêtent qu’une attention distraite aux efforts qu’on fait pour les amuser à l’aide de quelques jouets. Leurs regards errans semblent chercher un visage ami ; on dirait qu’ils sentent vaguement leur solitude et qu’ils font pour la première fois connaissance avec les tristesses de l’abandon.

Viennent ensuite des enfans de tous les âges, filles et garçons, qui font à l’hospice un séjour de quelques jours, attendant le plus souvent qu’on les envoie dans une résidence nouvelle. Deux grandes ailes, qui ont été annexées à l’ancienne maison des oratoriens, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons, leur sont affectées. Ils séjournent dans des dortoirs spacieux, dans de vastes salles et dans des jardins où l’on s’efforce de les utiliser à quelque travail. On se préoccupe toujours, pour des raisons d’économie, de diminuer la durée de leur séjour à l’hospice. Cependant, lorsque le moment de leur passage au travers de l’hospice coïncidait avec l’époque de leur instruction religieuse, qui se trouvait par là même forcément interrompue, l’habitude s’était introduite de les garder à l’hospice pendant le temps nécessaire pour compléter cette instruction et pour leur faire faire leur première communion. Mais ce mode de procéder n’a pas eu l’heur de plaire au rapporteur chargé par le conseil-général de la Seine d’examiner le budget des enfans assistés. « Si l’administration veut continuer, dit M. le docteur Clemenceau dans son rapport, à imposer à nos élèves les pratiques d’une religion officielle, il faut qu’elle le fasse à meilleur marché. Si l’opération de la première communion est jugée nécessaire, il faut qu’elle se