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partout où sont les radicaux, il faut qu’il y ait quelque mésaventure. Les radicaux des conseils lyonnais avaient déjà commencé par montrer une certaine gaucherie mêlée de mauvais goût, soit dans les préparatifs de la réception de M. le président de la république, soit dans les discours qu’ils méditaient de lui adresser. La fin a été digne du commencement. Au moment des réceptions officielles, il s’est trouvé que le conseil-général, son président en tête, a manqué au défilé. Où était-il ce conseil-général ? Il était dans la salle de ses délibérations attendant sans doute qu’on vînt le chercher en cérémonie. Il a manqué son tour, il s’est tenu pour offensé, il a protesté et, en fin de compte, il a eu le ridicule pour lui. C’est un médiocre incident qui ne vaut certes pas le bruit qu’on a fait, et les radicaux devraient bien s’adresser à eux-mêmes une petite question : comment se fait-il que cela n’arrive qu’à eux, et que, partout où ils ne sont pas, les choses se passent simplement ? S’ils y avaient un peu songé, ils n’auraient pas prêté à rire, et la république ne s’en trouverait pas plus mal.

L’Italie aura-t-elle des élections générales avant la réunion du parlement ou après une courte session de fin d’automne ? Le ministère Depretis, qui est au pouvoir depuis quelques mois, se décidera-t-il à tenter l’aventure dans l’espérance d’obtenir du pays une majorité plus compacte et de s’assurer une existence moins livrée à un hasard de scrutin dans une chambre divisée ? La question se débat au-delà des Alpes, sans trop d’animation, il est vrai, au milieu du ralentissement d’une saison où le monde politique est dispersé, où le roi lui-même est tout entier à sa passion de la chasse. Elle ne sera résolue sans doute que dans de prochaines rencontres du président du conseil avec Victor-Emmanuel, qui est, en Piémont et qui ne s’arrête guère à Turin que pour voir ses ministres ou pour quelque cérémonie comme la réception récente d’une ambassade marocaine. Pour le moment, Rome est à peu près abandonnée, les chefs parlementaires sont dans leurs provinces, les ministres eux-mêmes sont le plus souvent en voyage. M. Nicotera était récemment dans le Napolitain et il prononçait dans une réunion à Caserte un discours par lequel il s’est efforcé de rassurer sur la direction prudente et modérée du cabinet, sur la portée des réformes qu’on se propose de soumettre aux chambres. Bien qu’ancien exalté, M. Nicotera, en habile homme, ne néglige aucune occasion d’attester ses sentimens monarchiques, et il passe pour être un des ministres qui voudraient s’entendre avec une fraction du centre, surtout avec les Toscans. Réussira-t-il ? Il rencontrera sûrement devant lui les représentans de la vieille majorité dévouée au libéralisme modéré et national, tous les hommes décidés à défendre la politique qui a été presque invariablement au pouvoir depuis plus de quinze ans. Cette politique, elle a eu dans le passé, même avant d’avoir définitivement triomphé, des champions, des ancêtres qui l’ont créée, qui l’ont propagée, et de ce nombre est assurément cet Ita-