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devoir et un intérêt supérieurs à retenir en sa main, pour lui donner dès l’abord ce prestige, cette solidité, ces garanties de permanence et d’avenir que les entreprises privées ne peuvent assurer aussi facilement ni aussi promptement à leurs œuvres. Cet enseignement a été trop longtemps méconnu, ajourné sans raisons légitimes, pour que le jour où il lui est enfin permis de renaître, on l’expose à de nouveaux et périlleux hasards où il risquerait d’être compromis.

C’était en 1872 que M. de Bouille avait présenté sa proposition. Elle n’exigeait certes pas une bien longue ni bien laborieuse étude ; toutes les difficultés avaient été, dès 1869, examinées et résolues. Tout était prêt, et puisqu’on s’en tenait au projet élaboré à cette époque, il ne restait qu’à faire passer en quelques articles de loi les principes posés et définis par l’ancienne commission. Il y fallait quelques semaines, tout au plus quelques mois, et, dans le courant de l’année même, on pouvait ouvrir l’institut restauré. Malheureusement il n’en va guère ainsi : les régimes passent, les traditions de négligence et d’insouciance persistent. Les mesures où l’on hésite le plus, où l’on prodigue le plus de formalités, d’atermoiemens et de lenteurs, sont souvent les plus faciles et les plus urgentes : le gouvernement impérial et ses commissions avaient passé plus de quatre années à méditer le problème ; la commission de l’assemblée en mit trois à rédiger, d’après le rapport de M. Tisserand, un projet de huit articles ! Enfin, le 17 mars 1875, paraissait le travail du rapporteur, M. le marquis de Dampierre. La loi du moins allait-elle être votée ? L’assemblée nationale n’en eut point le loisir : elle se sépara sans avoir pu parvenir, en cinq années de législature, à nous donner cette loi si simple ! Nous l’attendrions encore, si M. Teisserenc de Bort ne l’avait reprise au nom du gouvernement : présentée dès la session de mars au sénat, où elle passa le 29 mai sans discussion sérieuse, adoptée d’urgence à la chambre des députés le 29 juillet, entre deux chapitres du budget, promulguée le 9 août dernier, elle nous rend à la fin, après plus de dix années d’études, de délibérations, de projets et de vœux se succédant sans aboutir, une partie, rien qu’une partie de ce qu’avait détruit le décret de 1852. Encore devons-nous nous féliciter d’être admis à recommencer l’épreuve et ramenés, après plus d’un quart de siècle, au point où nous étions le 3 octobre 1848, le jour où l’institut de Versailles fut décrété pour la première fois !

Passons en revue les dispositions principales de la loi nouvelle. Une question se présentait d’abord : fallait-il adjoindre à l’institut une exploitation ? Cette question était capitale : là en effet fut recueil de l’ancien institut ; c’est son domaine rural qui a contribué à