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première ferme-école a reçu en 1839 le concours de l’administration ; à partir de 1846, cette catégorie d’établissemens se multiplie : il en est créé dix dans la seule année 1847. En même temps une sous-commission du conseil général, de l’agriculture, sous la présidence de M. Tourret, élaborait un plan d’ensemble. L’enseignement agricole en 1848 était ainsi à la veille d’être constitué. La révolution de février, loin de retarder le travail, en hâta l’achèvement. Par une circonstance favorable, M. Tourret devint ministre de l’agriculture et du commerce : il s’empressa de mettre en œuvre les études des années précédentes. Le 17 juillet, il présentait à l’assemblée nationale un projet qui eut pour rapporteur M. Richard (du Cantal), et qui, adopté par la chambre dans la séance du 3 octobre, devint la loi de 1848. Arrêtons-nous à cette loi : c’est le statut organique de l’enseignement agricole en France ; elle le régit encore aujourd’hui ; le but qu’elle marquait, loin d’être dépassé par la suite, n’a pu même être atteint, et l’on est demeuré toujours bien en deçà des limites très larges que le législateur avait assignées à l’activité des novateurs et à la sollicitude de l’état.

L’article 1er  établissait trois degrés : enseignement primaire, enseignement secondaire, enseignement supérieur. L’article 2 posait ce principe nécessaire que ce triple enseignement devait être aux frais de l’état. Quelques représentans, et notamment M. Guichard, avaient demandé que les départemens fussent appelés à prendre leur part des dépenses et du contrôle. Le gouvernement tint bon : il se défiait du zèle des conseils-généraux, et en cela peut-être avait-il raison. — La loi déterminait ensuite la nature et les caractères distinctifs des fermes-écoles et des écoles régionales : les premières, exploitations privées où l’état se borne à entretenir des maîtres et des élèves, les secondes dont il a la direction et la responsabilité complètes. Ces deux séries, le législateur les répandait d’une main un peu prodigue sur tous les points du territoire : non content de donner à chaque département une ferme-école, il disposait que « cette organisation serait successivement étendue à chaque arrondissement. » Quant aux écoles régionales, il devait naturellement en être institué une par région ; mais, de ces régions, quel serait le nombre ? Le projet ministériel en proposait vingt ; le comité n’adopta pas ce chiffre, selon lui arbitraire, et préféra réserver la question à l’expérience de l’administration ou du législateur futur : on sait comment la loi, sur ce point comme sur d’autres, a été suivie ; la France devait être divisée en régions culturales ; il n’en fut rien. Aujourd’hui même l’administration distingue treize régions, et cependant il y a en tout trois écoles régionales. Il est vrai qu’on n’ose les appeler