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que les privilèges pour les postes militaires. Partout on retrouvait » comme associés des titulaires, ou Orville Grant ou quelqu’un de l’entourage du président, Tous les titulaires reconnurent en outre qu’en 1872 ils avaient été taxés à des sommes variant de 1,000 à 10,000 dollars, qu’ils avaient dû verser à un fonds commun destiné à assurer la réélection du président Grant. Il n’était point de fournisseur du gouvernement qui n’eût été obligé d’en faire autant. Enfin on découvrit qu’une somme de 30,000 dollars avait été prélevée à la même époque sur les fonds secrets, et envoyée, par ordre, du président, à l’inspecteur des listes électorales à New-York, Davenport, qui en avait donné un simple reçu, et en avait fait un emploi facile à deviner. La chambre, sur la proposition de son comité, adopta deux bills, dont le premier avait pour objet d’enlever au ministère de l’intérieur la direction des bureaux indiens pour la faire passer au ministère de la guerre, ou plutôt aux commandans militaires des frontières, et dont le second mettait au rang des délits et punissait de l’amende et de la prison le fait d’exiger, en vue des élections, une contribution de toute personne en rapport, à un titre quelconque, avec le gouvernement.

On n’était pas au bout de ces révélations, qui montraient l’administration américaine sous un jour aussi inattendu. Un agent congédié de la police secrète, nommé Bell, vint déclarer à un des comités de la chambre qu’il s’était fait attacher aux bureaux de M. Dyer, procureur du district du Missouri, pour aider à la découverte des fraudes commises contre le trésor, et qu’il avait profité de cette situation pour copier le dossier formé contre Babcock, et qu’il avait remis cette copie aux conseils judiciaires de l’accusé. Il prétendait avoir eu une mission du président et de l’avocat-général ; il avait eu probablement pour unique mobile de se faire bien venir des protecteurs de Babcock et d’être largement payé. Un autre agent de la police secrète vint raconter à son tour, au sujet du général Babcock, une histoire qui laisse derrière elle les inventions les plus extraordinaires d’Edgar Poë. Un comité du congrès avait voulu, en 1874, se rendre compte des dépenses extravagantes qui avaient été faites à Washington, sous prétexte de travaux d’embellissement, et exigé la production des livres qui contenaient le détail de la dépense. Un des habitans de Washington qui s’étaient dévoués à la défense des intérêts municipaux, M. Alexander, n’eut pas de peine à démontrer au comité que les livres produits n’étaient qu’un tissu de faux, et ne relataient exactement ni les prix réellement payés, ni les métrés des ouvrages réellement exécutés. Si M. Alexander disait vrai, M. Shepherd, directeur de l’administration du district de Colombia, le général Babcock,