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suivant qu’on aura choisi l’une ou l’autre limite extrême, le revenu estimé peut varier du simple au double, et un équilibre fictif s’établir sur le papier.

L’évaluation des recettes, pour l’année financière qui va du 1er juillet 1875 au 30juin 1876, s’élève à la somme totale de 68,588,266 yen, dans laquelle figurent l’impôt foncier pour 51,505,967, le produit des postes pour 1,676,335, celui des douanes pour 1,744,837, l’impôt du revenu assis sur les salaires des employés, les pensions, etc., pour 2,376,095, le produit des divers travaux publics, mines, chemins de fer, télégraphes, manufactures, imprimerie de l’état, pour 1,841,753. Le premier et le plus important de ces articles présente une différence considérable avec celui de l’exercice 1874, qui ne s’élevait qu’à 44,600,000 yen ; cette augmentation provient principalement de ce que le prix du koku était évalué précédemment à 3 yen, 92, tandis qu’il l’est actuellement à 4,49. Mais voici l’inconvénient d’un pareil système : si la récolte est abondante, le prix du riz baissant, le trésor est en perte ; le gouvernement se voit alors obligé de faire des exportations pour relever le marché ; mais vienne une année de disette, la réserve se trouve épuisée. En réalité, le trésor se trouve forcément dans la position d’un accapareur qui ouvre ou ferme, suivant son intérêt du moment, la barrière du commerce extérieur. De là ces décrets contradictoires en apparence, qui tantôt permettent, tantôt défendent l’exportation ; de là une gêne constante du marché et l’impossibilité pour la population de profiter du bas prix des années fertiles, tandis qu’elle supporte le poids des mauvaises années.

Les dépenses prévues s’élèvent à 68,498,506 yen, qui comprennent 4,345,655 affectés au service de la dette nationale, dont 1,829,473 afférens à la dette étrangère ; les pensions dues aux samurai dépossédés par la révolution de 1868 figurent pour 17,805,366 yen ; le ministère de la guerre pour 6,950,000, celui des travaux publics pour 4,750,000, etc. La balance en faveur des recettes est de 89,760 yen. On remarquera de quel poids pèsent sur le trésor les pensions, qui absorbent plus du quart du budget. C’est là que réside la principale difficulté financière du moment : l’état succombe sous cette charge, dont il ne peut se débarrasser sans courir les chances d’une révolution politique.

La dette publique atteint le chiffre total de 142,289,580 yen, qui se décomposent ainsi : dette étrangère, emprunts contractés à Londres, l’un à 7, l’autre à 9 pour 100, 14,480,912 yen ; dette inscrite envers des créanciers indigènes, 33,004,848 ; dette flottante représentée par le papier-monnaie, qui, seul aujourd’hui, sert aux transactions locales, 94,803,819. Cette énorme quantité de papier-monnaie n’est représentée par aucune encaisse métallique, car le