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beaux-frères, ses parens et ses amis particuliers, le ressentiment qu’il avait témoigné contre le commissaire des terres publiques, Joseph Wilson, pour avoir repoussé une réclamation de la famille de Mme Grant, et la brusque retraite de ce fonctionnaire éminent, — l’opiniâtreté avec laquelle il maintenait, malgré un vote du congrès, son beau-frère Casey dans îles fonctions de receveur des douanes à la Nouvelle-Orléans, — la tentative qu’il avait faite pour rendre l’administration du district de Columbia à son ami Alexandre Shepherd, obligé de se retirer devant un vote des deux chambres après avoir compromis les finances du district par des dépenses et par des emprunts non autorisés. On rapprochait ces faits des révélations qui venaient de déterminer la retraite de M. Delano, parent éloigné du président et ministre de l’intérieur depuis cinq années. Jamais fraude plus audacieuse n’avait été commise. Les agens des bureaux indiens, qui relevaient du ministère de l’intérieur, faisaient cultiver par les Indiens les terres mises en réserve : les terres appartenaient à l’état, la main-d’œuvre était payée par lui, les semences étaient fournies par lui ; les produits devaient lui appartenir. Cependant ces produits, blé, maïs, pommes de terre, étaient vendus à l’état par des prête-nom à beaux deniers comptans, et, au lieu d’être distribués gratuitement aux Indiens pendant la saison rigoureuse, ils servaient à payer à ceux-ci le travail qu’ils exécutaient sur les terres publiques, et pour lequel on leur remettait des bons payables en argent. Ces fraudes, qui nécessitaient une falsification continuelle des écritures de toutes les agences, se pratiquaient depuis si longtemps, sur une si large échelle, et donnaient à leurs auteurs de si énormes profits, que cette longue impunité ne pouvait s’expliquer que par la complicité ou la complète incapacité de l’administration de l’intérieur. L’effet de ces révélations qui se produisirent dans l’automne de 1875, et qui furent appuyées de preuves et de témoignages irrécusables, fut si accablant, que le ministre ne voulut point attendre la réunion du congrès, et envoya sa démission au président. Celui-ci, au lieu de l’accepter avec empressement, voulut d’abord la refuser, et finit par écrire à M. Delano une lettre où il lui exprimait ses regrets de la détermination qu’il avait prise, et lui prodiguait les assurances les plus affectueuses. On s’étonna de cette lettre inutile ; on s’étonna plus encore de voir donner pour successeur à M. Delano l’ex-sénateur Zachariah Chandler, dont le nom avait figuré d’une façon fâcheuse dans les enquêtes relatives au crédit mobilier américain et au chemin de fer du Pacifique.

Un scandale qui atteignait plus directement le président éclata dès les premiers jours de la session. Au nombre des principales sources de revenu que les précédens congrès avaient créées figurait