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LE
JAPON CONTEMPORAIN

I.
LES RECENS PROGRES. — LA SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE.

A mesure que le centre de gravité du monde commercial tend à se déplacer vers l’Orient, l’attention publique, en Europe, s’arrête plus volontiers sur ces nations lointaines, dont elle se contentait jadis de savoir les noms ; elle veut connaître leur constitution politique et sociale, leur développement historique, leurs ressources morales, économiques, financières. On ne demandait autrefois à la vieille Asie que de nous révéler l’origine des peuples sortis de son sein ; la science interrogeait ses langues, ses monumens, ses religions, pour y découvrir les vestiges d’un passé reculé. C’était le domaine de quelques philologues. Sans négliger l’antiquité, on en veut aujourd’hui savoir plus sur le présent : le commerçant et le banquier s’informent du trafic qu’ils peuvent faire et des garanties qu’ils peuvent trouver ; le politique s’enquiert des antagonismes qui peuvent surgir et des forces qui peuvent être mises en présence dans les conflits de l’avenir. L’ouverture du canal de Suez et l’extension de la navigation à vapeur ont fait entrer l’extrême Orient dans l’orbite européenne ; désormais ses révolutions nous touchent, ses désastres nous atteignent, ses progrès nous profitent.

Aucune de ces contrées n’excite une plus vive curiosité que le Japon, longtemps inconnu et inaccessible, et tout à coup jeté dans la voie des transformations hâtives. Le spectacle qu’il offre est en effet unique, il faudrait remonter jusqu’à la Russie de Pierre le Grand pour en retrouver un autre analogue ; mais il est difficile de