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le grand arbitre de l’Univers le sait ; mais c’est ma foi inébranlable que le remède viendra, qu’il viendra promptement et, je le désire de tout mon cœur, pacifiquement.

« Le nord n’a jamais eu le moindre désir d’humilier le sud. On ne demande pour aucun état rien qui ne soit libéralement accordé à tous les autres, si ce n’est le droit de tuer les nègres et les républicains sans avoir à appréhender de châtiment, sans même avoir à redouter le blâme et la déconsidération ; ceci est un privilège qui semble avoir été réclamé par quelques états. »

Après avoir répété au gouverneur qu’il est complètement d’accord avec lui sur les devoirs qu’ils ont à remplir l’un et l’autre dans la circonstance, le président continue ainsi :

« Marchez, et que tout gouverneur d’un état où les mêmes dangers menaceront la paix publique marche résolument dans l’accomplissement consciencieux de son devoir envers le plus humble comme envers le plus orgueilleux des citoyens. Je suis déterminé à vous soutenir jusqu’à la limite des pouvoirs que je tiens de la constitution et de la loi.

« Un gouvernement qui ne peut protéger la vie, la propriété et les droits civils des citoyens, parmi lesquels le plus important est la liberté du vote, un tel gouvernement manque à sa mission, et les opprimés doivent employer toute leur énergie, par les voies légales et constitutionnelles, à reconquérir les droits et la protection qu’on leur a enlevés. Une trop longue méconnaissance de ces droits conduit infailliblement à une révolution, à une révolution sanglante dont les maux atteignent les innocens aussi bien que les coupables. »

Les démocrates ont voulu enlever à leurs adversaires cet argument que l’élection d’un démocrate à la présidence compromettrait les libertés des affranchis. Un des représentans de New-York, M. Scott Lord, a présenté à la chambre une résolution déclarant, en substance, que tous les citoyens, sans distinction d’origine, de classe ou de couleur, ont un titre égal à la protection des lois, et que c’est un impérieux devoir pour le gouvernement d’assurer à tous la liberté du vote et l’exercice de tous leurs droits. Le vote de cette résolution, adoptée à l’unanimité, a été presque le dernier acte de la chambre des représentans. Les républicains n’ont vu dans cette initiative de M. Scott Lord qu’une manœuvre électorale ; mais qu’a fait à son tour le gouvernement ? Le ministre de la guerre, M. Cameron, a immédiatement adressé à tous les commandans militaires une circulaire où il commence par reproduire en entier le texte de la résolution de M. Lord, et il se fonde sur le vote de la chambre pour leur recommander de se tenir prêts à assurer partout la liberté