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à cette surveillance minutieuse et à cette sévère responsabilité qui peuvent seules assurer la probité et l’efficacité des services publics ; il est cause que les fonctionnaires indignes ne sont ni promptement révoqués ni sûrement punis : il abaisse de toutes les façons la dignité des services civils et la moralité de l’administration. Les membres du congrès, en grande majorité, j’en suis sûr, voient un intolérable fardeau dans la responsabilité qu’il fait peser sur eux, et le considèrent comme une entrave inexcusable dans l’accomplissement de leurs véritables devoirs de législateurs. Il doit disparaître. Il faut que la réforme soit générale, radicale et complète. Nous devons revenir aux maximes et à la pratique des fondateurs de notre gouvernement, et, s’il le faut, écrire dans la loi les règles qu’ils suivaient invariablement. Ils ne désiraient, ils n’attendaient des fonctionnaires publics aucun service pour leur parti. Ils entendaient que les fonctionnaires publics se consacrassent exclusivement à l’administration et au peuple. Ils entendaient que le fonctionnaire fût assuré de conserver son emploi aussi longtemps que son honorabilité demeurerait intacte et qu’il s’acquitterait convenablement de ses fonctions. Si je suis élu, je dirigerai l’administration d’après ces principes, et toute l’autorité du pouvoir exécutif sera consacrée par moi à l’accomplissement de cette réforme. »


Comme garantie de l’engagement qu’il prend ainsi, et afin de n’être arrêté par aucune considération dans l’accomplissement de cette tâche, M. Hayes annonce son irrévocable résolution de ne pas accepter une seconde candidature. Il termine et résume ainsi sa lettre :


« Une administration organisée d’après un système qui lui assurera pureté, expérience, capacité et économie, la préoccupation unique du bien général dans le choix des hommes, la poursuite prompte, efficace et implacable et le châtiment de tout fonctionnaire qui manquera à son devoir, une circulation solide et sûre, une éducation étrangère à l’esprit de secte et accessible à tous, la simplicité et la frugalité dans la vie publique et privée, un esprit de bonne et fraternelle intelligence répandu dans toutes les sections et toutes les classes du pays, nous permettraient raisonnablement d’espérer que le second siècle de notre existence nationale sera, avec la bénédiction de Dieu, une ère de bonne harmonie, une période de progrès, de prospérité et de bonheur. »


Cette lettre a produit une vive et profonde impression. Les républicains libéraux s’en sont déclarés très satisfaits : ils ont annoncé qu’ils se ralliaient à la candidature de M. Hayes, et ils en sont devenus en effet les plus chauds défenseurs. L’union se trouve ainsi rétablie dans les rangs du parti républicain. Toutefois on assure que