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par l’organe de son conseil national, réuni à Philadelphie, adhéra à l’amendement que le message proposait d’introduire dans la constitution. Toutes ces associations ne pouvaient que se rallier à la candidature de l’homme qui se faisait le porte-drapeau de leurs idées ; enfin, dans la conférence annuelle du clergé de l’église épiscopale méthodiste, qui venait de se réunir à Boston, l’évêque Haven, qui présidait, s’était prononcé ouvertement en faveur de la candidature du général Grant, et semblait n’avoir trouvé que des approbateurs. On citait plusieurs ministres qui, du haut de la chaire, avaient invité leur congrégation à prier pour la réélection du président.

Aussi la bataille s’engagea-t-elle immédiatement au sein de la chambre des représentans. M. Blaine, qui désirait complaire au président et s’attirer la faveur des protestans zélés, proposa, dès l’ouverture de la session, un amendement à la constitution, qui consistait à ajouter à la section 10 de l’article Ier une clause ainsi conçue : « Aucun état ne pourra, par une loi, donner à aucune religion le caractère d’une église établie, ni interdire l’exercice d’aucune religion ; aucune partie des fonds provenant soit des taxes perçues dans un état pour l’entretien des écoles publiques, soit des dotations constituées au même effet, ne pourra être à la disposition d’aucune secte religieuse ; aucune somme provenant desdites sources ne pourra en aucun cas être répartie entre des sectes ou des dénominations religieuses. » De son côté, M. Randall, qui avait été dans les sessions précédentes le chef du parti démocratique, déposa un amendement à la constitution, portant qu’à partir de la prochaine élection le président exercerait ses fonctions pendant six années, mais que ni le président, ni le vice-président, si celui-ci avait eu à remplir les fonctions de président, ne pourraient être réélus. Cet amendement fut renvoyé au comité de législation, qui lui substitua la rédaction suivante : « Toute personne ayant occupé ou qui occupera à l’avenir le poste de président, cessera d’être éligible à cette fonction. » Ces propositions ne pouvaient venir en discussion qu’après une longue procédure parlementaire, et les démocrates étaient impatiens de faire une manifestation. Un représentant de l’Illinois, M. Springer, proposa à la chambre de déclarer par une résolution que, depuis l’exemple donné par Washington, l’opinion qu’aucun citoyen ne devait être élevé plus de deux fois à la présidence faisait moralement partie de la constitution. Cette proposition, qui visait directement le général Grant, avait aussi pour objet de contraindre les représentans républicains à se prononcer publiquement sur les prétentions présumées du président. Aussi les républicains firent-ils d’inutiles efforts pour écarter ou ajourner la discussion de cette proposition par un rappel à l’ordre