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œuvre a déjà reçu en principe la sanction de la députation provinciale de Naples ; mais elle est venue jusqu’à présent se heurter dans la pratique à d’assez grandes difficultés d’application, dont les plus sérieuses viennent, le croirait-on, des jeunes filles elles-mêmes, qui, élevées dès leur bas-âge dans la pensée que leur existence était assurée d’avance, se montrent peu désireuses de s’instruire et de gagner leur vie par le travail. Ces difficultés iront en diminuant avec le temps, et il n’y a aucun doute que l’œuvre si bien entendue du patronage pour les orphelines et les jeunes filles abandonnées ne soit appelée à rendre de grands services à la population napolitaine. Le succès de cette œuvre sera du assurément en grande partie à l’alliance si rare de la charité ardente et du sens pratique chez celle qui en a conçu la première idée. Et si quelqu’un était tenté de douter qu’il se trouve dans cette société napolitaine, dont on vante surtout le côté brillant, spirituel et léger, des caractères de cette trempe, il n’aura qu’à lire le livre de la duchesse Ravaschieri pour revenir bien vite de son erreur et de son préjugé.


OTHENIN D’HAUSSONVILLE.


Le cardinal de Bérulle et le cardinal de Richelieu, par M. l’abbé M. Houssaye. Paris 1875.


M. l’abbé Houssaye vient d’achever par un troisième volume la Vie du cardinal de Bérulle, qui nous présente dans l’attrait sérieux de sa grande figure l’un des principaux personnages du règne de Louis XIY. L’ouvrage ainsi complété a valu à l’auteur les suffrages de l’Académie française, qui vient de récompenser son travail par le prix Gobert.

M. l’abbé Houssaye, dans la première partie de son ouvrage, avait donné autant d’intérêt que de charme au récit de la fondation de la première œuvre du cardinal de Bérulle, celle du Carmel, et il avait éclairé d’une douce lueur ce cénacle de femmes d’élite, en nous initiant aux touchans mystères de leur vie religieuse. Dans le second volume, il s’était attaché à faire connaître la fondation à laquelle le cardinal de Bérulle a attaché son nom et voué sa vie, celle de l’Oratoire, qui était destinée à régénérer le clergé séculier. Entre le cardinal de Bérulle, fondateur de l’Oratoire, et Massillon, l’un des plus illustres disciples de la congrégation, un siècle ne s’était pas écoulé, et il avait suffi d’un homme de bonne volonté pour rouvrir au sacerdoce, par sa direction comme par ses écrits, les grandes sources de la vie religieuse qui paraissaient taries. La part que M. de Bérulle a prise aux événemens de son temps élargit le cadre de l’ouvrage dans le second volume, et surtout dans le troisième, qui est consacré tout entier aux rapports de M. de Bérulle avec le cardinal de Richelieu.

Déjà employé comme négociateur auprès de Marie de Médicis, sous le