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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1876.

La lassitude et l’influence de la saison torride ont interrompu le combat. La session parlementaire est finie, ou, si l’on veut, elle n’est que suspendue, puisque les chambres seront obligées de revenir avant l’expiration de l’année pour expédier le budget, qui reste inachevé. Pour le moment, sénateurs et députés s’enfuient de Versailles, et comme les écoliers heureux ou malheureux des derniers concours, ils prennent leurs vacances, ils vont se reposer de ce qu’ils ont fait ou même de ce qu’ils n’ont pas fait, du temps bien employé ou du temps perdu. C’est la première étape de la république régulière, de l’ère constitutionnelle du 25 février et des assemblées du nouveau régime.

Que cette première expérience des institutions nouvelles ait été laborieuse, souvent incohérente et presque décourageante, traversée par bien des passions de partis s’essayant à prolonger ou à raviver des luttes stériles, c’est ce qui est assez tristement évident. Qu’elle ait manqué de suite et de pondération, qu’elle soit loin d’avoir produit ce qu’elle pouvait produire d’œuvres pratiques pour le bien du pays, c’est ce qui reste écrit dans cette histoire de cinq mois, plus féconde en incidens bruyans et en motions agitatrices qu’en résultats sérieux. Elle se termine, il est vrai, mieux qu’elle n’a commencé, en se résumant dans cette élection de la dernière heure qui est une victoire de l’esprit politique dans une des deux assemblées, qui vient de faire de l’éminent garde des sceaux, de M. Dufaure, un sénateur inamovible, le successeur de M. Casimir Perier. Rien de mieux, chambres et ministère se séparent en paix, sous une impression favorable. Jusque-là, il faut en convenir la première expérience de la république constitutionnelle a été passablement tourmentée. Elle a ressemblé à une sorte de conflit organisé dont le gouvernement a eu quelquefois de la peine à contenir l’explosion, et en réalité cette fin de session est tout entière dans deux ou trois faits à travers lesquels se dessinent les entraînemens, les