Les événemens survenus en Turquie auront-ils une influence sur le gouvernement de l’Égypte ? Oui, sans doute, si la mort d’Abdul-Aziz et l’avènement de Mourad V ont une portée plus haute qu’une simple révolution de palais. Une réforme sérieuse en Turquie réagirait probablement sur l’administration égyptienne, car Ismaïl-Pacha n’est point indépendant, et, plus la Turquie est faible, plus elle tient à conserver l’intégralité de ses droits. La province d’Égypte est une partie principale de l’empire ; elle ne coûte rien et rapporte beaucoup. Elle est peuplée d’habitans naturellement dociles et laborieux. Elle fournit au besoin de bons soldats. Enfin elle est en communauté de religion avec Constantinople, toutes considérations propres à resserrer les liens qui l’unissent à la Turquie au profit exclusif de celle-ci.
Si la direction supérieure du gouvernement métropolitain se fait plus vivement sentir au Caire, devra-t-on s’en féliciter ? Les Égyptiens peuvent avoir une condition pire. Peuvent-ils en espérer une meilleure ? Pour répondre à cette question, il faut récapituler et étudier les actes principaux de l’administration de l’Égypte pendant les quinze dernières années, car l’avènement du chef actuel de cette province date déjà du 18 janvier 1862. Ce n’est pas un examen facile assurément, le gouvernement de l’Égypte n’ayant à rendre compte à personne de son administration intérieure, n’ayant point une politique publique à exposer et à soutenir, n’ayant subi jusqu’à présent aucun contrôle sérieux, ne dressant qu’un budget arbitraire, sans obligation de se renfermer dans les crédits ouverts ou d’appliquer réellement les dépenses à ces crédits, enfin ne