Les événemens n’ont pas justifié les espérances que les Slaves d’Orient mettaient dans la Serbie ; les ressources des deux adversaires étaient trop inégales pour que la Serbie, livrée à ses seules forces, pût vaincre les hordes musulmanes d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Si l’Europe attendait avec inquiétude l’issue de ce duel de David avec Goliath, c’est qu’un grand fait serait sorti de la victoire des Serbes. Le jour où les Slaves soumis au despotisme turc, — et ce jour viendra tôt ou tard, — réussiront à s’affranchir, l’ordre de choses définitivement établi en 1453 par la chute de Constantinople fera place à un monde nouveau, — nouveau en apparence, car le spectacle auquel nous assistons est en réalité la résurrection de nations oubliées par l’Europe, de nations dont l’ancienne gloire vit au plus profond du cœur des chrétiens du Balkan, et si elles reconquièrent leur indépendance, elles deviennent des centres d’attraction pour les tribus encore dépendantes de leurs races.
Pour peu que, s’élevant au-dessus des conventions et des préjugés conservateurs de la politique contemporaine, on gagne les hauteurs de l’histoire désintéressée, on est forcé de reconnaître que