Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 16.djvu/833

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les fréquentes communications faites à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pour la tenir au courant des heureuses fortunes, presque quotidiennes, qui surviennent aux fouilles archéologiques de Rome ; nous n’avons pas énuméré les collations de manuscrits, les vérifications de textes ou de monumens entreprises à la demande de l’Institut ou de savans français. Si nous n’ayons pas pu satisfaire à toutes les questions, nos réponses, pour plusieurs cas, ne sont qu’ajournées : il faut beaucoup de temps à Rome et beaucoup de patience pour en venir à ses fins. Nous n’avons pas enfin rappelé quelles missions littéraires se sont rattachées aux travaux propres de l’École. M. Berthold Zeller a recueilli à Turin, à Florence, à Rome, des documens sur le mariage d’Henri IV et la conspiration du maréchal de Biron ; puis M. Viollet, des Archives nationales, est venu collationner plusieurs manuscrits des Établissemens de saint Louis, afin de préparer une édition définitive de ce grand monument de notre histoire législative.

Aux encouragemens et aux sympathies que la nouvelle institution avait suscitées en France a correspondu le cordial accueil que lui ont fait les Italiens ; les témoignages en ont été, en mainte circonstance, suffisamment publics. L’École française a déjà reçu du Vatican et de l’Italie beaucoup de marques d’honorable confiance et de bons offices ; elle compte dans la société romaine non pas seulement des amis, mais mieux encore, quelques puissantes protectrices, de nobles dames, — une surtout, héritière des traditions de grâce, d’esprit et de classique savoir dont plusieurs femmes remarquables ont donné en Italie, pendant le moyen âge et la renaissance, de si intéressans exemples. Comment l’École française a mérité cet insigne bon vouloir et comment elle espère s’en montrer reconnaissante, on le devine aisément. Elle l’a mérité en venant au nom de la France, en un grave moment de son histoire, attester la vitalité intellectuelle de ce généreux pays, et en montrant au dehors, en pleine lumière, ce que c’est que notre jeunesse d’élite, combien laborieuse et ardente à un grand devoir. Pour payer sa dette de gratitude particulière envers ceux qui l’ont si bien accueillie, elle compte sur l’incontestable hommage que ses propres travaux ne manqueront pas de rendre aux richesses scientifiques, mais aussi à l’activité intelligente, à l’énergique renaissance de l’Italie. S’il est vrai, comme on l’a souvent répété, que l’alliance entre ces deux peuples soit plus naturelle et plus souhaitable que toute autre, il l’est aussi que le succès d’une fondation telle que l’École française de Rome est de nature à en préparer les voies.


A. GEFFROY.