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de Pérouse, et à M. Fabretti, de Turin, tout le soin de la langue étrusque. Il y a donc là pour nous, quand nous aurons grandi, et que des maîtres habiles nous auront préparé de jeunes antiquaires pour ces recherches spéciales, toute une grande et belle carrière, pour laquelle les voies et moyens ne nous manqueront pas. Je n’oserai pas non plus beaucoup conseiller dès maintenant les questions de topographie : une longue résidence, une connaissance parfaite du pays, de ses traditions toutes locales, de son langage populaire, y sont absolument indispensables. Même pour qui est en possession de ces élémens, de tels problèmes sont encore très difficiles. S’agit-il de Rome et de son territoire, c’est à peine si M. de Rossi, d’un savoir si pénétrant et si exercé, et de qui seul sont connus tant de documens inédits des bas temps et du moyen âge, c’est à peine si M. Pietro Rosa, l’interprète de la voie Appienne et du Palatin, l’auteur d’une belle carte topographique de la campagne romaine destinée, nous l’espérons, à voir bientôt le jour, peuvent répondre avec quelque certitude. Cela ne veut pas dire cependant que, dès aujourd’hui, surtout si quelqu’un des architectes de notre Académie de France nous apporte son concours, nous ne puissions tenter quelques restitutions de villes antiques maintenant en ruines, ou bien que, Tite-Live en main, nous ne puissions observer certaines marches savantes des Romains ou d’Annibal, suivre certaines conquêtes de provinces italiennes et trouver les occasions, par l’examen comparé du sol et des manuscrits, de rectifier les textes classiques, de proposer de nouvelles leçons, de servir, en même temps que la cause de la philologie, celle de l’histoire. Bien plus, les deux écoles d’Athènes et de Rome se prêtant un mutuel appui, deux ou plusieurs de leurs membres peuvent se réunir pour quelque mission lointaine : c’est en de telles conditions que vient de s’achever une importante exploration scientifique en Turquie d’Asie, malgré les circonstances peu favorables.

C’est la meilleure manière de traiter l’histoire de l’antiquité que de se placer en présence du sol où se sont passées les plus grandes choses et d’interroger les monumens, tels que les inscriptions, les représentations figurées et les ruines ; mais au nombre des monumens il faut aussi compter les manuscrits, et l’on sait combien de manuscrits des œuvres antiques sont conservés, rien que dans la bibliothèque Vaticane. Étudier ces reliques en philologue d’abord, mais aussi en antiquaire, en historien, tâcher d’y surprendre encore, s’il est possible, des pages inédites, combler les lacunes, épurer les textes, c’est une autre branche de la science vers laquelle les membres de l’École française de Rome peuvent également s’exercer avec l’espoir fondé d’être utiles. Il leur faut en ce cas des connaissances paléographiques, et c’est l’occasion de souhaiter qu’ils