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études supérieures ou secondaires, c’est-à-dire que le progrès de l’érudition, de la philologie et des méthodes en général, s’y accomplit peu à peu et sans bruit par le dévoûment éclairé et par l’expérience des maîtres ; les transformations administratives et celles des programmes viendront d’elles-mêmes ensuite, moins pour multiplier les chaires nouvelles que pour obtenir des enseignemens plus condensés et plus précis. L’École des chartes et l’École pratique des hautes études s’enferment avec raison dans le domaine purement érudit ; à cette condition seulement, elles remplissent leur utile mission. Toutes trois, avec leur rôle spécial, laissent place à d’autres écoles qui, s’ouvrant hors de France, dans les pays privilégiés encore marqués de l’empreinte des temps antiques, transportant les jeunes maîtres en présence des monumens de la science, leur offrant l’inappréciable avantage d’une double culture, celle que procurent aux intelligences et aux âmes l’éloignement de tous soins vulgaires et le commerce familier des plus belles choses, celle d’un travail direct sur les plus riches matériaux aux sources mêmes du savoir et de l’érudition, suffiront à la mission délicate de concilier ensemble la cause de la science et celle de l’enseignement. Telle est notre École française d’Athènes, et telle sera, telle est déjà notre École française de Rome.

La création de l’École de Rome, pour avoir tardé trente ans après l’institution de sa sœur ainée, ne s’en est montrée que plus nécessaire et plus inévitable, Dès l’origine, le règlement de l’École d’Athènes avait disposé que les membres nommés devraient faire d’abord quelque séjour en Italie pour s’initier par l’antiquité romaine, plus voisine de nous, à l’antiquité grecque. Sous l’inspiration de deux membres de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, M. Léon Renier et M. Ravaisson, le terme fixé de trois mois fut converti, par décret du 25 mars 1873, en celui d’une année. Ce fut l’occasion de désigner un jeune archéologue très distingué, M. Albert Dumont, ancien membre et aujourd’hui directeur de l’École d’Athènes, bien connu des lecteurs de la Revue et du monde savant, pour assister ces jeunes gens à Rome et les diriger dans leurs études. Sous cette même tutelle, qui s’est montrée singulièrement vigilante et efficace, on plaça plusieurs chargés de missions, venus pour examiner quelques manuscrits de la Vaticane ; l’administration des Beaux-Arts, qui a besoin d’inspecteurs instruits, de juges expérimentés pour les questions d’authenticité, de conservateurs et d’archivistes, eut l’heureuse idée de se faire représenter parmi ce groupe studieux par un jeune érudit, qui rechercherait dans les archives italiennes les documens de nature à éclairer l’histoire de l’art, particulièrement au point de vue de l’influence exercée ou subie par la France, en même temps qu’il acquerrait beaucoup de