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LA NOUVELLE
ECOLE FRANCAISE
DE ROME
SES ORIGINES, SON OBJET, SES PREMIERS TRAVAUX.

On a raison de féliciter le gouvernement et les chambres d’avoir élevé le budget de l’instruction publique à un chiffre que jusqu’à ce jour il n’avait pas encore atteint. Entre les divers signes des temps, celui-là est considérable ; il atteste le relèvement de ce généreux pays par la volonté, par l’intelligence et l’effort sur soi-même. Il y a des infériorités qu’il ne veut plus accepter, et desquelles les pouvoirs publics, aidés par le bon sens de la nation, finiront bien par avoir raison. Il y a des supériorités qu’il ne veut pas laisser exclusivement à d’autres, et, sans forcer son génie, il l’a suffisamment flexible et facile, assez solide et grave, pour espérer d’y parvenir. La campagne budgétaire a été bonne pour les enseignemens primaire et secondaire ; mais le progrès n’eût pas été assuré, si l’enseignement supérieur n’avait reçu les moyens de maintenir ou d’élever son niveau pour se répandre sur tout le reste et influer davantage. La tâche que doit s’imposer l’enseignement supérieur à tous ses degrés est double. Vouloir en certains cas le séparer de la science, et le réduire à un simple rôle de vulgarisation (la mission des facultés a été quelquefois comprise de la sorte), c’est le mutiler et l’amoindrir. Il doit vulgariser la science, mais en contribuant à la faire, sous peine de perdre beaucoup de son autorité et de sa dignité. C’est à coup sûr une délicate question que de savoir en quelle mesure on pourra tout concilier pour répondre à deux exigences quelquefois diverses, et devant l’impossibilité