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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet 1876.

Qui nous délivrera des confusions, des préjugés, des éternelles et vaines tactiques de parti ? Ce qu’il y a de plus triste, c’est que bon nombre d’hommes qui peuplent nos chambres de Versailles en sont encore à croire sérieusement ou naïvement qu’avec ces tactiques et ces confusions, ils font les affaires de la France. Ils ne font pas même, le plus souvent, les affaires de leur parti ; ils sont les jouets de leurs passions et de leurs préventions, à travers lesquelles ils s’accoutument à voir toutes les questions. Ils finissent par créer, dans une sphère assez limitée, une agitation artificielle qui ne répond ni aux instincts les plus profonds du pays, ni aux nécessités les plus évidentes de notre situation nationale, qui ne fait certes les affaires ni de la république, ni du régime parlementaire, ni surtout de la France. On passe les journées, les semaines à échanger des défis et des provocations, à souffler la guerre entre l’aile droite et l’aile gauche du palais de Versailles, à laisser voir toute sorte d’arrière-pensées de défiance et d’hostilité à propos de la collation des grades ou de la loi municipale ; on s’agite sur place, la chambre des députés disant oui, le sénat disant non, le ministère essayant honnêtement de concilier le oui et le non, et tout compte fait, on arrive au bout d’une session plus longue que fructueuse, sans avoir réalisé rien de sérieux, sans avoir même aujourd’hui le temps ou peut-être la volonté de voter complètement le budget !

La vérité est que les divergences d’opinions qui tendent à se manifester dans les deux chambres et les incidens qui sont la suite inévitable de ces divergences ne sont pas de nature à faciliter le travail parlementaire, pas plus qu’à simplifier la position du gouvernement. A la première occasion sérieuse où l’accord de tous les pouvoirs était nécessaire, la mésintelligence a éclaté brusquement. La chambre des députés s’est hâtée d’accueillir une loi rendant à l’état le droit souverain de la collation des grades, le sénat a refusé de s’associer à ce vote en maintenant dans son