zenana. Mentionnons encore les souscriptions aux journaux et aux ouvrages publiés en langue indigène, l’ouverture de concours, la formation de sociétés littéraires, enfin l’organisation de musées spéciaux et d’autres institutions analogues qui complètent la liste des mesures consacrées à l’avancement moral du pays.
Un autre ordre d’efforts qui concourt indirectement au même résultat, c’est l’immense développement que l’Angleterre a imprimé à la prospérité matérielle de l’Inde. Les dynasties qui l’y précédèrent avaient mis toute leur gloire à élever des temples, des palais, des mausolées, voire à entretenir ou à creuser ces canaux et ces réservoirs qui de temps immémorial servent à fertiliser le sol par l’irrigation. Ici encore, la Compagnie des Indes se borna longtemps à marcher dans l’ornière de la domination mogole, et il n’y a pas un demi-siècle qu’aucune route carrossable n’existait dans la péninsule. Bien plus, les travaux publics ne formaient qu’une branche secondaire de l’administration militaire, et ce furent des considérations stratégiques qui en 1843 firent commencer la grand’route destinée à mettre Calcutta en communication avec Pechawer, sur la frontière du nord-ouest. Il fallut alors sept années pour ouvrir simplement le tronçon de Calcutta à Delhi, et en 1853 les voies de communication ne coûtaient encore au budget que 3 millions de francs. Ce fut lord Dalhousie qui fit pour les travaux publics en 1855 ce qu’il avait fait l’année précédente pour l’instruction du peuple, c’est-à-dire qu’il les constitua en une administration indépendante, représentée près du gouvernement suprême par un secrétaire-général et dirigée, dans chaque province, par un ingénieur en chef, ayant sous ses ordres des ingénieurs de cercles et des sous-ingénieurs de districts. L’insurrection de 1857 et le transfert de l’Inde à la couronne britannique ne firent qu’attirer davantage l’attention du gouvernement sur la régénération matérielle du pays, et en 1860 le budget des travaux publics s’élevait déjà à 100 millions, chiffre plus que doublé aujourd’hui. Pour se convaincre que l’Angleterre a largement rattrapé le temps perdu, il suffit de lire dans le consciencieux ouvrage[1] publié l’an dernier par M. W. Thornton, secrétaire des travaux publics au conseil de l’Inde, l’énumération des travaux qu’elle a entrepris ou exécutés depuis un quart de siècle : routes de toute nature, réservoirs, canaux, aqueducs, ponts, jetées, ports, phares, qui, avec les bâtimens destinés à l’administration civile et militaire, casernes, arsenaux, prisons, hôpitaux, caravansérails, ont fait dépenser en vingt-quatre années 4 milliards de francs.
À ces diverses catégories de travaux, il convient d’ajouter
- ↑ Indian public works, by W. Thornton, Londres, 1875.