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LORD MACAULAY
SA VIE ET SA PERSONNE

The life and letters of lord Macaulay, by his nephew George Otto Trerelyan, Leipzig 1876 ; Tauchnitz.

L’alliance si rare en tout temps d’un beau talent et d’un noble, caractère, une vie publique qui ne compte pas une seule défaillance, une vie privée dont le devoûment fut le principe, enfin la passion et le respect des lettres, tels sont les titres de Macaulay au monument littéraire que M. Otto Trevelyan vient de lui consacrer, Il était temps que le grand essayiste whig eût aussi son histoire. À mesure que les années se passaient, on se demandait pourquoi l’historien n’avait pas encore obtenu la biographie à laquelle il avait droit, pourquoi personne ne s’était trouvé pour faire connaître au public ces détails intimes d’une vie brillante entre toutes et ces traits de caractère qui ont toujours du prix pour la curiosité, surtout quand c’est un écrivain aimé qu’ils servent à peindre. Or Macaulay a été le favori de deux générations de lecteurs, et rien n’indique que sa réputation soit sur le déclin. À bien des égards au contraire il est déjà passé classique : ne dit-on pas qu’en Australie, parmi les trois ouvrages qui composent la bibliothèque du squatter, on est sûr de rencontrer ses essais entre Shakspeare et la Bible ?

En revanche, si peu d’auteurs sont restés plus populaires que lui, peu d’hommes célèbres ont été moins connus. Jamais dans son œuvre sa personne ne s’est trahie, et son biographe a pu dire avec vérité qu’il serait aussi difficile de prendre une idée juste de