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LES
MARINS DU XVIe SIECLE

III.
STEPHEN BURROUGH.[1]


I

La Compagnie moscovite avait affranchi le grand empire de l’est du blocus maritime, qui seul aurait eu le pouvoir de l’arrêter dans son expansion. La fortune nouvelle de l’Angleterre commençait également à se dessiner. Puissance agricole et manufacturière, l’Angleterre tendait à se substituer, comme puissance commerciale, à la ligue dont elle avait jusque-là enrichi les flottes en leur confiant le transport exclusif de ses produits. C’était chez les Anglais désormais, et non plus dans la Péninsule ibérique, qu’il fallait aller chercher la féconde ardeur des entreprises lointaines, la généreuse passion des découvertes. Nous avons montré Jean Cabot donnant à cette passion son premier essor, et le second fils de Jean, Sébastien Cabot, tout occupé encore, dans sa verte vieillesse, d’attiser le foyer que son père, soixante-deux ans plus tôt, avait allumé. Les rêves du cosmographe avaient eu un dénoûment imprévu. Ce dénoûment était heureux sans doute, fertile en conséquences ; il ne suffisait pas cependant à une ambition qui s’était promis davantage. Willoughby s’était égaré, une autre piste avait entraîné Chancelor, Stephen Burrough dédommagerait la compagnie de ces deux mécomptes.

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 1er Juillet.