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LA PHILOSOPHIE
DES CAUSES FINALES

L'IDEE DE FIN


I

Si les grands et nobles esprits qui s’appelaient Kant, Fichte, Schelling, Hegel en Allemagne, Maine de Biran, Royer-Collard, Cousin, Jouffroy en France, revenaient assister au spectacle des événemens qui se passent dans le monde de la philosophie contemporaine, on peut croire, sans faire tort aux philosophes de nos jours, qu’ils éprouveraient plus de surprise que de satisfaction en voyant à quel point la philosophie est descendue des sommets où l’avaient élevée l’originale et hardie méthode des uns, la haute et forte éloquence des autres. Ces problèmes de l’absolu, de l’universel, de l’être en soi, de Dieu, de la matière et de l’esprit, de l’âme et de la destinée humaine, qui dominaient leur pensée ou inspiraient leur parole, ne semblent plus intéresser, au moins au même degré, les philosophes de notre temps. Ce n’est pas qu’au fond la philosophie actuelle ait perdu le sentiment des vérités et la préoccupation des problèmes qui font son objet. Elle n’a renoncé ni aux théories générales ni aux hypothèses qui permettent à la pensée de relier, de coordonner, d’embrasser dans une seule et même formule l’immense variété des faits observés ; mais elle ne croit plus