C’est toujours une épreuve délicate pour un nom de sortir de la pénombre d’un cercle intime, propice aux engouemens et aux illusions, et de passer brusquement au grand jour. Cette épreuve, le nom de M. Doudan vient de la subir et d’en triompher. On ne pouvait craindre raisonnablement que la faveur, j’allais dire la ferveur de dévotion intellectuelle dont cet esprit était entouré dans quelques salons, fût une pure illusion de coterie. On avait, pour se rassurer à cet égard, quelques-uns de ces pressentimens éclatans qui avertissent ou devancent l’opinion. Sans prendre au pied de la lettre l’hyperbole de M. Cousin, s’ écriant un soir « que personne, depuis Voltaire, n’avait eu tant d’esprit, » pour s’expliquer à lui-même sa surprise d’avoir trouvé un champion capable de lui tenir tête, on avait beaucoup remarqué, vers 1866, une note de M. Sainte-Beuve jetée au bas d’une page des Causeries du Lundi, où il révélait au public sous ce nom ignoré « un de ces esprits délicats nés sublimes, nés du moins pour tout concevoir, et à qui la force seule et la patience ont manqué. » Plus d’une aimable indiscrétion de M. Saint-Marc Girardin, de M. de Sacy, de M. Cuvillier-Fleury, d’Hippolyte Rigault, était venue nous avertir qu’il y avait là un observateur d’une rare finesse, une intelligence toujours en
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UN
MORALISTE INEDIT
M. DOUDAN D'APRES UNE PUBLICATION RECENTE.
Mélanges et Lettres de M. X. Doudan, avec une introduction par M. le comte d’Haussonville et des notices par MM. de Sacy et Cuvillier-Fleury, 2 vol. in-8o, 1876.