Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 16.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à vapeur doivent être installées dans les mines voisines de Pékin ; ce sera le début d’une ère nouvelle pour l’exploitation des richesses souterraines de la Chine. En attendant, la navigation à vapeur, qui est très active sur les côtes et sur les fleuves, en est encore réduite à consommer du charbon de provenance étrangère, que lui fournissent l’Angleterre, l’Amérique, l’Australie, le Japon et Formose, et dont les entrepôts sont les ports de Hong-kong et de Changhaï. Ce charbon se vend à Changhaï de 50 à 100 francs la tonne, selon la provenance et la qualité ; le transport de la houille indigène d’un port à l’autre est rendu à peu près impossible par un droit d’exportation exorbitant.

Les gisemens houillers de la Chine n’ont guère attiré l’attention des explorateurs européens que depuis une dizaine d’années. Des voyageurs de grand mérite, parmi lesquels nous citerons M. W. Kingsmil, M. Raphaël Pumpelly, l’abbé David, avaient déjà visité quelques-unes des mines les plus importantes ; mais c’est surtout à M. de Richthofen que l’on doit une connaissance plus exacte des bassins carbonifères de l’empire du Milieu. Si l’on considère l’immense étendue de ces bassins, que sillonnent des fleuves et des rivières navigables, et l’extraordinaire aptitude des Chinois pour tous les genres d’entreprises industrielles et de travaux d’art, on se trouve amené à penser que la mise en œuvre de ces gisemens, qui viennent s’ajouter à ceux de l’Amérique, pourrait changer la face de la production houillère, et peut-être du commerce et de l’industrie en général.

Au sud de la chaîne qui sépare le bassin hydrographique du Yang-tse-kiang de celui du Hoang-ho (Fleuve-Jaune), les dépôts houillers n’ont pas la même importance qu’au nord de la ligne de partage ; cependant ils occupent encore de vastes espaces. Le plus étendu de ces bassins, qui forment de larges taches noires sur la carte, là où tout est encore vierge dans les atlas les plus récens, est celui de la province méridionale de Sétchuan ; M. de Richthofen en évalue la superficie à 250,000 kilomètres carrés. Ce bassin est entouré de tous côtés par de hautes montagnes ; les cours d’eau qui alimentent le Yang-tse-kiang y tracent des sillons profonds où les lits de houille apparaissent au jour, ce qui en rend l’accès facile, car la plupart de ces rivières sont navigables jusqu’au bord du bassin. La qualité du charbon que fournit ce bassin varie suivant les régions : dans la région du nord et dans celle de l’ouest, on trouve une bonne houille bitumineuse ; dans le sud et dans l’est, elle est remplacée par un anthracite de qualité assez médiocre. On ne peu songer à porter ces produits jusqu’à Changhaï ; mais les habitans de la province qui renferme ce gisement ont ainsi sous la main un combustible très peu coûteux et très suffisant pour leurs besoins. Plus