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d’importans ouvrages en ce moment sur le métier nous y ramèneront. Pour cette fois, arrêtons-nous ici.

On s’était proposé de présenter dans cette étude la psychologie comparée marchant méthodiquement à la solution de son plus important problème. Cette solution, qui s’est peu à peu dégagée des faits eux-mêmes, et qui, chemin faisant, a été tantôt élargie, tantôt redressée, paraîtra sans doute aussi exacte que possible. Elle a consisté à décrire l’instinct plutôt qu’à le définir, à l’isoler des autres puissances actives et à en compter les caractères propres ; On ne peut guère douter qu’il ne soit un principe d’action absolument spécial, de nature psychologique et travaillant à l’œuvre de la vie physique sans se confondre d’une part avec les énergies vitales, de l’autre avec les puissances mentales. Tel le distingue une méthode intérieure et physiologique à la fois, mais où l’induction fondée sur les témoignages de la conscience a et doit garder le rôle prédominant. Constatons avec quelque satisfaction que cette première élucidation de l’instinct est de source française. Nos voisins, quels qu’ils soient, ont remué et analysé depuis quelques années une multitude de faits intéressans. Sur ce terrain, ils ont fait preuve d’une rare puissance : qu’on se rappelle seulement les étonnantes élucubrations de MM. Ch. Darwin, H. Spencer, Huxley, Helmholtz. Mais, pour parler comme eux, les faits ne sont que des signes : quand ils sont rassemblés, il faut les interpréter. Il y a en France une philosophie scientifique qui, tout en faisant des vastes approvisionnerons d’observations l’estime qu’il convient, attache à l’interprétation des signes zoologiques une importance supérieure. Elle veut que cette interprétation, s’appuyant sur des comparaisons précises et légitimes, n’attribue à l’animal que les facultés qu’exprime sa vie extérieure. Cette tâche lui est chère : on voit qu’elle l’a assez heureusement commencée ; elle la poursuivra pas à pas, maîtresse d’elle-même, sourde aux sollicitations pressantes des amans de l’hypothèse. Si ses premières solutions se confirment et se complètent, ainsi qu’on peut "l’espérer ; non-seulement la psychologie générale aura reçu de nécessaires accroissemens, mais la question brûlante de l’heure actuelle, l’évolution, ne tardera pas à être jugée.


CH. LEVEQUE.