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En vérité, le mécanisme de la voix mérite d’être connu de tout le monde ; personne n’est absolument désintéressé dans l’affaire. À l’égard de l’homme, on sait aujourd’hui d’une manière très certaine comment la parole et le chant sont engendrés. Un moyen de voir le jeu des différentes parties du larynx ayant été découvert, médecins rêvant un triomphe dans l’art de guérir, physiologistes tourmentés du désir d’expliquer les phénomènes, chanteurs avides de pénétrer les secrets des plus beaux talens, se sont livrés à de patientes recherches. Les résultats d’une foule d’investigations ont été annoncés, la science a reçu de nouvelles clartés. Un observateur plein de sagacité, qui autrefois sut mettre en évidence de minutieux détails de la structure des organes respiratoires, M. le docteur Mandl, voué depuis longtemps à l’étude du larynx, a suivi mieux que personne les opérations de l’appareil vocal dans toutes les phases de son activité[1]. Il envisage maintenant la possibilité de rendre compte de la voix des grands animaux. D’autre part, nous espérons apprendre bientôt par suite de quelles particularités organiques les oiseaux deviennent capables de parler, habiles à chanter. Entre des conditions de la vie, des facultés de l’ordre physique et des facultés de l’ordre psychologique, les relations ne tarderont pas sans doute à se révéler.


I

Au sein des sociétés ennoblies par une haute culture intellectuelle, des esprits d’élite se sont plus ou moins préoccupés de l’explication des phénomènes de la nature. Chez les anciens, un effort énergique se produisit en vue de dévoiler l’organisation humaine. Les penseurs avaient certainement beaucoup médité sur la source de la parole et du chant. Le désir de bien connaître l’instrument de la voix s’empara de l’âme des investigateurs. À cet égard, le doute est impossible. Galien, le dernier et le plus célèbre des médecins de l’antiquité, a tracé la description du larynx, et cette description est l’œuvre d’un maître convaincu de l’extrême intérêt du sujet qui l’attache. Depuis l’époque de la renaissance, les anatomistes ont voulu préciser les moindres détails, les physiologistes s’éclairer par des expériences. Ainsi tout était préparé pour des découvertes le jour où l’on put avoir devant les yeux le spectacle des actions de l’instrument dont joue le chanteur. Il serait difficile, sans une certaine connaissance de l’appareil vocal, de comprendre le mode de

  1. Traité du larynx et du pharynx, in-8o. Paris 1872. — Hygiène de la voix parlée et chantée. Paris 1876.