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relativement à celui de la pierre taillée, ou période néolithique. À cette époque correspondent les restes trouvés à Cro-magnon, à la Vézère, à Grenelle et dans la caverne dite de l’Homme mort.

C’est alors qu’ont accouru des immigrations de toute sorte. Les peuples du sud-ouest, venant de l’Inde, apportant leur langue et leur civilisation, se précipitèrent sur l’Europe. Les Celtes paraissent avoir été les premiers arrivés : la langue celtique est dérivée de l’aryen. On la retrouve encore dans le pays de Galles, dans la Basse-Bretagne, dans l’île de Man. Selon M. Broca, ce serait en Auvergne et en Bretagne que l’on retrouverait les représentants les plus purs du vieux type celtique. La taille moyenne, les cheveux châtains, les yeux gris, le front large, la tête carrée, les muscles bien développés, tels seraient leurs principaux caractères. Après les Celtes et les Gaëls, qui n’en sont qu’une variété, sont venus les Cimmériens et les Belges, qui s’établirent au nord de la Seine et qui ne tardèrent pas à se fondre plus ou moins avec les anciens Celtes. Les Cimmériens ou Cimbres sont ces Gaulois que Jules César a dépeints en termes si précis : Truces et cærulei oculi, rutilentæ comæ. Cette invasion des Cimbres paraît remonter vers l’an 1500 avant notre ère, et quand les Romains envahirent la Gaule, l’assimilation s’était faite entre les Kymris, les Celtes et la race indigène ; les Gaulois formaient alors une nationalité assez unie.

L’élément romain est venu modifier non-seulement la langue et les usages, mais encore la race des Gaulois. Dans le midi il est assez fréquent de rencontrer des types romains très prononcés. A Lyon et dans tout le midi de la France, la population ne fut plus gauloise, elle fut gallo-romaine. D’ailleurs dans le sud-est et dans le sud-ouest de la France, il faut compter avec d’autres élémens ethniques. Dans le sud-ouest, le type berber, ou ibérique, venant de l’Afrique et de l’Espagne, a envahi le sud de la Garonne. Près des Pyrénées, le type basque est resté encore assez isolé, et il est probable que les Basques sont les derniers représentans de la race indigène antérieure à l’invasion des Celtes et des Cimbres. Les Sémites au sud-est, venus de Phocée, se sont établis aux environs de Marseille. Dans le nord, la complexité n’est pas moindre. Les invasions sont venues de l’Allemagne, Les Francs, les Saxons, les Normands, sont arrivés successivement, et ont modifié la population primitive. Les envahisseurs furent bien vite assimilés, et il serait impossible de retrouver la trace de leur passage.

Tous ces élémens divers, un fonds indigène, une invasion celtique et une invasion cimmérienne à une époque très reculée ; à des périodes plus récentes, des immigrations, phocéenne, sarrasine, romaine au sud, franque et saxonne au nord, sans compter les passages des Goths et des Huns, constituent la nation française ; nous disons nation, et non race, car la race française n’existe pas : c’est le mélange de plusieurs races. Est-ce à dire pour cela que nous n’ayons pas notre originalité propre ?