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États-Unis et dont les scandales récens ne sont qu’un symptôme, ce mal tient évidemment à des causes assez diverses et assez profondes, à une altération croissante des mœurs et des institutions elles-mêmes. Ce qui a fait la force de la constitution, telle que l’entendait Washington, n’existe plus guère aujourd’hui. La grande république commence à souffrir des vices des démocraties, du déchaînement des convoitises provoquées et favorisées par un système démesuré de fonctions électives, de l’abaissement du niveau moral et intellectuel dans les assemblées, de la domination bruyante d’une classe de politiciens organisée pour l’exploitation de la vie publique. Ce n’est qu’une crise sans doute, et le peuple qui a su triompher d’un péril de dissolution par la guerre civile, saura bien réagir énergiquement un jour ou l’autre contre ce qui menacerait son existence morale et nationale. Que les Français aillent donc à Philadelphie, voyageant pour leur plaisir ou envoyés pour leur instruction ! Ils n’auront pas seulement à contempler les œuvres de l’industrie universelle, ils auront à chaque pas sous les yeux un spectacle bien autrement saisissant et instructif, le spectacle de tout ce qui fait la force et de tout ce qui est aussi la faiblesse, le péril permanent d’une vaste et puissante démocratie.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES

La Vida y trabajos industriales de William Wheelwright en la America del Sud, por J. B. Alberdi.


M. William Wheelwright est un Américain du Nord, né dans un petit port du Massachusetts en 1798, et mort à Londres en 1873, qui a consacré cinquante ans de sa vie, depuis le naufrage où il a failli périr en 1823 dans la Plata, à de grandes entreprises dans l’Amérique du Sud. Il y a rencontré de nombreux et puissans obstacles à vaincre, dont il a triomphé à force d’énergie et de persévérance, et il y a trouvé, avec la fortune dans des proportions modérées, la satisfaction d’une espèce de mission volontaire qu’il n’a pas tenu à lui d’avoir complètement remplie. Le livre que vient de lui consacrer M. Alberdi, et dont nous voulons dire quelques mots, est fait pour y ajouter la gloire, une gloire moins retentissante, mais plus pure et fondée sur plus de services rendus à la civilisation et à l’humanité que celle de la plupart des héros, ou prétendus tels, de la guerre, de l’épée et de la politique, sur les différens théâtres de ses travaux, les républiques de la Mer du Sud et la république argentine. Le nom de Wheelwright restera attaché dans ces pays lointains à l’établissement de la première ligne de bateaux à