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disciplinaires, nous leur permettrons d’en appeler à nous ; après avoir examiné le cas, nous réviserons ou nous casserons votre sentence. Nous vous défendons aussi d’excommunier pour ce fait aucun laïque. L’excommunication est un mauvais procédé, fort désobligeant, contraire à tous les principes de la civilité honnête et puérile. Vous nous ferez le plaisir d’y renoncer ; sinon, vous serez passibles d’un an de prison et d’une amende de 200 à 500 thalers. Vous élevez mal vos prêtres, vous en faites des fanatiques et des énergumènes, nous savons mieux que vous ce qu’il convient de leur enseigner ; désormais nous nous chargerons de leur éducation. Nous entendons qu’à l’avenir ils apprennent la théologie dans nos universités ou dans un grand séminaire dont le plan d’études aura été examiné et approuvé par nous. Vous ne procéderez à aucune nomination sans avoir présenté votre candidat au président-supérieur de la province, et vous attendrez pendant trente jours sa décision. S’il se trouve que votre candidat n’a pas fait les études réglementaires, ou si ses antécédens nous autorisent à penser qu’il n’a pas pour nous tout le respect qui nous est dû, vous serez tenus de nous en proposer un autre qui nous offre de meilleures garanties. Dans le cas où, par le fait de votre mauvais vouloir, quelque place demeurerait vacante, nous retiendrons votre traitement et nous vous infligerons des amendes jusqu’à concurrence de 1,000 thalers. Vous nous objecterez peut-être que nos nouvelles lois sont contraires à certains articles de la constitution. Qu’à cela ne tienne, nous supprimerons ces articles, nous changerons la constitution, car nous sommes résolus à mater votre fierté, et ; si vous refusez d’entendre raison, nous vous prierons de vous en aller et nous amenderons au besoin notre code pénal pour pouvoir vous bannir en sûreté de conscience.

Que César soit jaloux de son autorité, que dans l’intérêt public il supprime des congrégations ou prenne des mesures pour empêcher l’accroissement des biens de mainmorte, ceux qui souffrent de ses rigueurs crieront, mais leur voix trouvera peu d’échos ; le jour où César dogmatise et veut obliger l’église à l’en croire sur parole, les indifférens eux-mêmes lui donnent tort. Ce n’est pas que le monde se soucie beaucoup de controverse, ni qu’il attache un grand prix aux définitions de théologie. Un écrivain anglais a eu raison de dire que « la plupart des hommes se donnent pour but de traverser la vie en dépensant le moins de pensée possible ; » mais quand l’état dispute avec l’église sur quelque article de foi, les demi-croyans, qui abondent dans ce siècle et décident du gain des batailles, se trouvant forcés de faire un choix, déclarent à l’ordinaire que chacun doit faire son métier et se tenir à sa place, que dans les matières de doctrine l’estampille de l’église est plus sûre que le poinçon de l’état, qu’en tout ce qui concerne le Credo les évêques sont plus compétens qu’un président de conseil, et que les