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d’eau et correspond par conséquent à un cheval-vapeur de force. Il en déduit des conséquences frappantes, entre autres que la chaleur solaire tombant sur les seuls toits de Philadelphie permettrait de mettre en mouvement 5,000 machines à vapeur de la force de 20 chevaux. Puis, après avoir établi que sur 1 mille carré, en employant seulement la moitié de la surface et en consacrant le reste aux bâtimens, chemins, etc., on peut faire marcher 64,800 machines à vapeur, chacune de la force de 100 chevaux, à l’aide seulement de la chaleur rayonnée par le soleil, il ajoute ces remarquables paroles : « Archimède, après l’achèvement d’un calcul sur la force du levier, disait qu’il pouvait soulever le monde ; moi, je prétends que la concentration de la chaleur rayonnée du soleil produirait une force capable d’arrêter la terre dans sa marche ! » et plus loin : « En Angleterre, on commence à calculer l’époque où la houille fera défaut, bien que les mines de ce combustible soient pour ainsi dire d’exploitation récente. Quelques milliers d’années, gouttes dans l’océan du temps, épuiseront les mines de charbon de l’Europe, si, dans cet intervalle, on n’a pas recours à l’assistance du soleil. Il est bien vrai que les rayons solaires n’arrivent pas toujours jusqu’à la surface du sol ; mais quand s’ouvrira le grand magasin donnant le chauffage gratuit sans dépenses de transport, l’ingénieur prudent saura bien approvisionner le magasin de réserve pour les jours nuageux. Remarquons en même temps qu’une grande partie de la surface de la terre est éclairée par un soleil toujours radieux. La sphère d’activité de la machine solaire est aussi grande que la puissance dynamique en est considérable. » M. Ericson, qui joint au génie la fortune et une longue expérience, reprendra sans doute quelque jour, s’il en a le loisir, ses études sur l’application mécanique de la chaleur solaire. En attendant, le moment est venu de dire ce qu’un Français a réalisé dans cette voie.

Le voyageur qui visite la bibliothèque de Tours, installée dans un vieil hôtel, aperçoit dans la cour en entrant un appareil d’aspect étrange. Qu’on se figure un immense tronc de cône, un gigantesque abat-jour de lampe, renversé, tournant sa concavité vers le ciel. Le pourtour est métallique, en cuivre, revêtu à l’intérieur d’une feuille très mince d’argent. Sur la petite base du tronc de cône, fermée par une plaque de fonte à jour, repose un cylindre en cuivre, noirci extérieurement, et dont l’axe vertical est le même que celui du cône. Ce cylindre, qui se trouve ainsi enveloppé comme d’une énorme collerette, est terminé dans le haut par une calotte hémisphérique, de manière qu’il ressemble à un immense de à coudre, et il est recouvert d’une cloche de verre de même forme que lui.

Cet appareil d’un type insolite n’est autre qu’un récepteur