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L’EMPLOI INDUSTRIEL
DE
LA CHALEUR SOLAIRE

L’histoire des miroirs ardens en airain est connue. À Rome, on rallumait le feu sacré avec un de ces appareils, et Archimède porta l’incendie sur les vaisseaux qui bloquaient Syracuse en concentrant sur eux les rayons solaires à l’aide d’un grand réflecteur. Buffon a refait d’une façon victorieuse les expériences d’Archimède. Avec un miroir d’une très faible courbure, composé d’un grand nombre de glaces étamées, il a enflammé à distance des planches de sapin, de hêtre, fondu l’étain, l’argent, des minerais, rougi le fer. À son tour, Saussure a pu accumuler, au moyen de cages vitrées superposées, la chaleur du soleil jusqu’à une température qui dépassait notablement celle de l’eau bouillante, et l’astronome John Herschel a refait les mêmes expériences au cap de Bonne-Espérance de 1834 à 1838. À la même époque, le physicien français Pouillet mesurait à Paris l’intensité calorifique de la radiation solaire, et arrivait à cette conclusion, que la chaleur émise par le soleil et versée sur le globe en une année serait capable de fondre une calotte de glace environnant toute la terre sur une hauteur de 30 mètres.

C’est vers 1860 que M. Mouchot, alors professeur de mathématiques au lycée d’Alençon, stimulé par les travaux de Pouillet, par ceux de Melloni, le plus habile des physiciens italiens, qui a fait sur la transmission du calorique des expériences d’une incomparable précision, abordait hardiment le problème de l’utilisation de la chaleur solaire. L’équivalent mécanique de la chaleur était enfin déter-