se produire dans certaines villes comme Milan ou Naples. Le nouveau cabinet aura sans doute plus d’une lutte à soutenir dans le parlement contre les libéraux modérés, qui ne tarderont pas à se réorganiser, et, en attendant il a voulu se faire un appui de Garibaldi en lui promettant les travaux du Tibre. Du coup, Garibaldi a témoigné son adhésion au cabinet Depretis en acceptant la rente de 100,000 francs que le cabinet Minghetti avait fait voter pour lui par le parlement, et il a écrit une lettre où il remercie « l’Italie et le roi. » Voilà qui est pour le mieux ! Tout s’arrange en Italie, même quand il s’agit de recevoir les rentes de 100,000 francs que les ministères modérés ont fait voter et que les ministères de la gauche font accepter. Le roi Victor-Emmanuel, quant à lui, assiste à ces évolutions en souverain absolument constitutionnel, demeurant la personnification couronnée et incontestée de l’unité nationale, l’arbitre et le modérateur des partis.
Le malheur de la gauche, en Italie comme partout, est de se payer souvent de mots et de promettre ce qu’elle ne peut tenir. Il est évident que, si le ministère Depretis tient à se distinguer, au moins pour la forme, de son prédécesseur dans certaines questions qui touchent aux rapports avec l’église, il ne pourrait aller bien loin sans être arrêté par le sentiment italien lui-même, Il est d’autres points où il ne peut pas même songer à dévier de la ligne suivie par l’ancien cabinet. Il ne peut modifier ni la politique financière ni surtout la politique extérieure. Ce qu’il y a de plus vraisemblable, c’est que M. Depretis s’est livré à une phraséologie de circonstance en parlant dans son programme de « la vocation géographique de l’Italie, » de son intention de « chercher dans la sympathie des peuples civilisés la consolidation d’une sécurité qu’elle a déjà obtenue du consentement et de l’intérêt bien entendu des gouvernemens. » Le nouveau ministre des affaires étrangères, M. Melegari qui était récemment à Berne, n’a sans doute d’autre pensée que de s’en tenir à la politique que lui a léguée M. Visconti-Venosta, et le meilleur gage qu’il puisse donner pour le moment à cette politique, c’est d’en finir au plus vite avec cette sotte question soulevée par des journaux de Rome au sujet du ministre du, roi Victor-Emmanuel à Paris, M. Nigra. La marque la plus sensible de sympathie que le ministère Depretis puisse donner à la France est de confirmer, de rehausser même, s’il le faut, la mission d’un homme qui depuis quinze ans, à travers les révolutions, dans des circonstances souvent difficiles, a su, en faisant les affaires de l’Italie, maintenir une amitié invariable entre les deux pays. Le voyage que M. Nigra vient de faire à Rome ne peut avoir d’autre résultat que de simplifier une situation un instant obscurcie par des polémiques sans importance.
Les affaires d’Espagne ne semblent pas marcher toutes seules, elles marchent cependant à travers les difficultés que le, chef du cabinet de