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Le prix des planches à l’importation, rapporté à la planche de section moyenne, était, d’après les tableaux, de l’administration des douanes :


0 f. 50 le mètre courant avant 1830
0 f. 80 « 1853
1 f. 10 « 1866
0 f. 90 « 1869

Voici de même le prix du mètre courant de la planche marchande des Vosges, dont la section est à peu près moitié moindre, sur les ports de Nancy et de Metz :


0 f. 25 avant 1830
0 f. 25 encore en 1853
0 f. 30 encore en 1866
0 fr. 28 encore en 1869

Ainsi, le prix des bois du nord, après avoir été en hausse soutenue jusqu’en 1866, s’est affaissé ensuite. La demande en avait été rapidement croissante par suite de l’établissement général des chemins de fer, qui ont ouvert à ces bois les marchés de l’intérieur des terres. Les exploitations suivaient à peine la demande ; pour y faire face, les pays Scandinaves ont dû doubler plusieurs fois leurs exportations. La population y est rare ; les scieries faisaient défaut, tout l’outillage des exploitations était à créer, il y a quarante ans : il existe aujourd’hui. La baisse postérieure à 1866 résulta surtout de l’offre, qui s’accroissait plus rapidement que la demande générale.

De 1830 à 1870, le prix de la planche française sur les marchés a très peu gagné ; il ne semblait influencé que par des variations momentanées. En réalité même, si l’on tient compte de la dépréciation des espèces métalliques, on voit que la valeur du sapin était en baisse. C’est qu’en 1830 les voies de transport les plus indispensables pour les bois n’existaient pas ; le sapin était cher, parce que la traite en était onéreuse. Depuis lors les chemins se sont ouverts de toutes parts, et l’exploitation de nos sapinières s’est largement développée. On en a tiré tout ce qu’elles pouvaient donner. En même temps encore les bois étrangers, passant au premier rang dans l’approvisionnement du pays, restreignaient progressivement les débouchés de nos bois communs. N’est-il pas surprenant que le prix de la planche française se soit maintenu au lieu de s’avilir ? Aujourd’hui il est en hausse. La planche des Vosges se paie 1 fr. 35 cent, sur wagons, et vaut 1 franc dans l’arbre. Elle n’avait jamais atteint ces prix ; se soutiendront-ils ? A coup sûr, le chiffre des exploitations indigènes n’augmentera plus, si même il ne diminue. Il y a là une première cause permanente de cherté.